lundi 16 novembre 2020

De l’utilité des recensements ou la mystérieuse famille Le Gac

A l'origine de cette énigme Marie Louise Le Gac


                 En ce jour de la Sainte Marguerite, j’ai eu envie de mettre en avant une ressource primordiale pour le généalogiste débutant : les recensements aussi appelés dénombrements de population (cela varie d’un site d’archives départementales à l’autre). Parfois ce document peut-être la clef d’une énigme, ou du moins le début d’une piste. Nous allons nous attarder sur un exemple bien précis de ma généalogie, la famille LE GAC, car il est assez révélateur des opportunités et des limites des recensements.

Note : Ces recherches s’étalent sur plusieurs années avec quelques périodes particulières. D’abord mes débuts de généalogie (vers 2009) où j’abandonne rapidement cette branche trop complexe pour la débutante que je suis. Une deuxième phase (2018) ou je me repenche sur le problème des GAC après avoir rencontré un cousin qui se heurte à la même difficulté, happée par mon mémoire je laisse à nouveau de côté cette énigme. Aujourd’hui je reprends avec sérieux cette recherche en espérant enfin aboutir à une piste.

I : Un acte de décès à l’origine d’une impasse ?

                Cette histoire débute au fin fond du Finistère avec mon arrière-grand-mère Marguerite PERON (1908-1993). Elle est la fille de Sébastien PERON (1867-1914) et de Marie Louise (LE) GAC (1871-1948).  Si Marie Louise est la mère de neuf enfants, sa famille LE GAC est relativement réduite et mystérieuse. Elle porte le nom de sa mère : Françoise LE GAC. Suivant la démarche classique je trouve sans peine l’acte de décès de Françoise, décédé le 23 août 1896, déclaré par son gendre à la mairie de Kergloff. C’est là que les choses se corsent, Sébastien PERON déclare que sa belle-mère, mendiante, était native de Berrien, fille de Guillaume LE GAC et Marie Louise PAUL et était âgée de cinquante-six ans (date de naissance approximative 1840). L’âge n’est pas crédible, à la naissance de sa fille Marie Louise, Françoise avait quarante ans (date de naissance approximative de naissance 1831). Néanmoins n’importe qui s’est déjà promené dans les actes sait que les âges déclaratifs de nos aïeux sont parfois très approximatifs.  

                A l’époque je me fonde sur les relevés du Centre Généalogique du Finistère, et là malheur, aucun couple ne correspond à LE GAC/PAUL. Pas plus de Françoise née à Berrien dans les années qui pourraient nous intéresser. Il y a bien une Marie-Françoise LE GAC née en 1840 mais le père se nomme Jean et la mère Anne PLASSART. J’élimine donc rapidement cette possibilité. Habituellement je cherche l’acte de mariage du décédé pour vérifier l’ascendance déclarée par les témoins. Françoise étant célibataire, fille mère, elle ne s’est jamais mariée, aucune trace d’un conjoint à son décès, ni au mariage de sa fille, ni à la naissance de cette dernière.

L’état civil était donc une impasse, et les informations de Sébastien PERON semblaient peu fiables finalement.

II : De l’utilité des recensements pour une hypothétique filiation

                Un jour que j’exposais mon impasse à un groupe de passionnés de généalogie Christel R. me souffla une piste. Elle avait trouvé dans le recensement de 1872 à Berrien une Françoise LE GAC vivant avec une petite Louise âgée de quelques mois. Comment n’avais-je pas pensé à utiliser les recensements ? J’y recourrais pourtant régulièrement pour reconstituer les fratries. On apprend de ses erreurs. Avec un cousin par alliance, nous nous lançons donc dans une chasse à travers les recensements. En 1872, Françoise vit à Berrien avec sa sœur Marie Anne LE GAC, fille mère elle aussi, d’un petit Yves né en 1867. En 1872 les recensements se sont dotés d’une nouvelle rubrique très utile, le lieu de naissance du recensé. Tellement utile qu’elle disparaîtra quelques recensements plus tard. On apprend que Françoise est née à Plouégat-Moysant et Marie Anne à Scrignac. Les informations varient d’un recensement à l'autre et ne permettent pas toujours d’établir les liens entre les différents membres du foyer. Ainsi Marie Josèphe GAC âgée de huit ans en 1866, est restée un moment un membre de la famille que nous ne pouvions raccrocher à personne.

De fil en aiguille, d’archives numérisées en salles de lectures, au fil des mois et des années, une étonnante famille s’est dessinée comme suit :

-          Les parents : Jospeh LE GAC né en 1808 à Plouigneau et mort en 1859 à Scrignac et Anne (LE) GUILLERM née en 1807 à Plouégat-Moysan et morte en 1870 à Berrien. Ils se sont mariés le 2 mars 1832, deux mois avant la naissance de leur premier enfant.

 

-          Ils ont 9 enfants :

o   Thérèse née le 1er mai 1832 à Plouégat-Moysan. Elle décédera en 1891 à Morlaix sans s’être jamais mariée. Elle aura eu une fille Marie Josèphe LE GAC en 1858.

o   Catherine née le 9 août 1833 à Plouégat-Moysan et morte en 1911 à Scrignac où elle s’est mariée avec Yves LEON en 1861. De ce couple sont issus plusieurs enfants.

o   Françoise née en 1834 à Plouégat-Moysan, peut-être mon aïeule, mère d’une petite Louise.  Un recensement de 1856 apprend qu'elle est "boiteuse".

o   Jeanne née en 1836 à Guerlesquin, décédée l’année suivante.  

o   Marie Catherine née en 1838 à Botsorhel, décédée célibataire en 1867.

o   Guillaume né en 1840 à Botsorhel, décédé à Huelgoat en 1896. Il s’est marié à Anne BAUD en 1878, et a par la même occasion reconnu Marie Catherine née en 1873. Le couple aura de nombreuses filles par la suite.

o   Yves né en 1840 à Scrignac et décédé à Plouyé en 1876 deux ans après son mariage avec Marie Louise MADEC.  

o   Un petit garçon mort-né en 1844 à Scrignac.

o   Marie Anne née à Scrignac en 1848, la fameuse sœur que nous retrouvons avec Françoise en 1872. Grace aux données du CGF et en cherchant  en parallèle la fiche matricule de son fils j’ai pu reconstituer son parcours. A Yves, né en 1867, s’ajoute sa fille Marie Louise en 1875, sans père connu non plus. On retrouve la petite famille à Angers dans les années 1890. Yves y est conscrit en 1887 et y décède en 1891. Marie Anne se marie avec le veuf Yves CARO en 1892. Veuve en 1896, elle assiste en 1897 au mariage de sa fille avec le fils du premier mariage d’Yves Caro. Le jeune marié est carrier aux ardoisières.

C’est le portrait d’une famille nombreuse, enfin tout est relatif par rapport à l’époque, qui bouge régulièrement, se déplaçant progressivement de Plouégat-Moysan vers Berrien/Huelgoat plus au sud. Chose rare dans mon arbre, la présence de trois filles mères dans une même fratrie qui visiblement n’ont pas été exclues de la famille. La plupart des enfants de la fratrie sont restés dans la région, on ignore s’ils ont gardé des liens. On sait qu’un des petits fils de Françoise partira travailler à l’ardoisière d’Angers, peut être grâce à la branche déjà installée là bas ? Ce n’est qu’une supposition.

III : A la recherche d’un indice pour exclure la piste de l’homonymie  

Aujourd’hui je suis toujours frileuse à remonter cette branche, car j’aurais aimé un acte, un indice permettant de m’assurer que Françoise Des-Recensements était bien Françoise Mère-De-Marie-Louise. Je ne sais pas si je trouverai un jour de quoi m’assurer que je ne fais pas fausse route. Je perds la trace de Françoise entre 1872 et le mariage de sa fille en 1893, il me reste encore de nombreuses pages de recensement à feuilleter. Je me suis aussi lancée à la recherche des différents membres de la famille dans la presse numérisée, dans les archives militaires… Tout est bon à exploiter. Le recensement ne me permet pas de prouver une filiation, contrairement à un acte dont on sait déjà qu’il faut prendre les informations avec des pincettes. Seule une source est rarement suffisante, c’est une règle importante de la généalogie. Je vais donc continuer à creuser d’autres pistes en espérant qu’elles trancheront rapidement la question.  

Marie Louise au mariage de son dernier fils

J’espère que ce cas pratique vous aura donné envie d’accorder un peu de temps aux recensements si ce n’est pas déjà fait. Ils sont surtout connus pour permettre de reconstituer les fratries, retrouver les anciens placés chez leurs enfants, trouvé un concubin… Ils permettent aussi dans certains cas de débloquer des impasses de l’état civil.

Je vous souhaite de bonnes recherches.

4 commentaires:

  1. Bonjour,
    J'ai une ancêtre directe Marie Louise Le Gac née le 07 mars 1864 à Carnoet Côte d'armor fille de Yves Marie et de Marie Corentine Nicol Elle s'est mariée avec Jean Marie Jaffrenou 11 septembre 1881 à Huelgoat 29 Décédée à Nantes (44) le 13 mai 1907. J'ai quelques Peron sur le 29 et 22.J'ai plusieurs Françoise Le Gac mais au 18 ème siècle sur PLusquellec et village alentours Si ces informations peuvent vous aider

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  2. Les archives de l'enregistrement et celles des notaires peuvent peut-être vous aider, notamment si vous avez la date de décès. Elle permettent aussi de reconstituer l'univers matériel de vos ascendants. Bon courage !

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  3. Très intéressant, je suis débutante en la matière mais déjà passionné. Je fais partie de la famille Péron en ligne directe, et je retrouve une fratrie Le Gac dans mes ancêtres. Je cherche à en savoir plus mais pas évident

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    1. N'hésitez pas à m'envoyer un mail pour en discuter.

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