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Je vous propose une nouvelle rubrique sur le blog, s’adressant uniquement à mes élèves de généalogie. Avec Mince alors… je vous propose des pistes pour répondre aux questions qui sont le plus régulièrement posées soit par mes élèves débutants, soit sur les réseaux sociaux. Vous savez ces petites interrogations qui surgissent forcément à un moment où à un autre dans votre parcours de généalogiste amateur. Pour inaugurer cette rubrique voici une question régulièrement posée sur les groupes de généalogie Facebook : « Comment trouver la cause de décès de mes ancêtres ? ». Cette fois mes réponses ne concerneront que la France. Nos amis d’outre-manche se posent par exemple beaucoup moins cette question, le certificat de décès indiquant la cause de ce dernier.
L’acte
de décès français, qu’il soit issu de l’état civil ou des registres paroissiaux,
nous apporte un grand nombre d’informations. Pourtant il est extrêmement rare d’y
trouver les raisons du décès. Il existe tout de même quelques exceptions
notables comme celle relatée par Rémi Azemar. Le chercheur a détaillé son étude
des registres de la Roque-Sainte-Marguerite de 1721 à 1742. Leur particularité ?
La cause du décès est indiquée sur la quasi-totalité des actes[1]. Ceci
reste relativement rare. Il existe tout de même quelques pistes à explorer si
la mémoire familiale ou la correspondance privée n’ont livré aucun indice sur la
cause de décès de ceux qui vous ont précédés.
Piste n°1 « La presse » :
Comme d’habitude je vous revoie vers la presse ancienne, facilement consultable
pour les XIXe siècle et XXe siècle. Si vos aïeux sont décédés de façon peu
ordinaire il est probable que cela ait laissé une trace.
Les
morts accidentelles : Un accident peut
laisser une trace, du calvaire local tombé sur un malheureux passant à l’accident
de tramway ayant fait plusieurs victimes, différents articles peuvent vous
apprendre les circonstances d’une mort violente. Une noyade peut aussi être
relatée ou un accident de chasse, des causes relativement courantes dans les
siècles qui nous ont précédés.
Les
meurtres et accidents du travail :
Voici deux exemples de mort qui font en général les choux gras des rubriques
des faits divers de la presse locale et nationale.
Les
suicides : Promenez-vous
dans Retronews, vous découvrirez que le suicide est un sujet qui fait l’objet
de nombreux articles dans la presse d’hier. Certains suicides font parfois l’objet
d’un article dans la presse, pour peu qu’il soit exceptionnel (forme de suicide
inhabituelle ou suicide de plusieurs membres d’une même famille).
Les
disparitions en mer : Les
familles de marins sont trop souvent amenées à perdre leurs hommes en mer. Avec
le nom du bateau vous trouverez peut-être des articles concernant la perte d’un
membre d’équipage ou bien le naufrage du navire.
Les
avis de décès : Sans entrer
dans les détails, les avis de décès peuvent parfois donner des indices. Par exemple les remerciements au personnel de l’hôpital ou les formules comme « après
une longue maladie » permettent de supposer le contexte de la mort.
Piste n°2 « Les archives hospitalières » : Je vous le concède la
mort entre les murs d’un hôpital n’est pas des plus courantes chez nos ancêtres.
Tout de même, n’ignorez pas ces archives si dans un acte le décès dans un
établissement de santé est mentionné. Des archives ont existé, si elles n’ont
pas été détruites, essayez de les consulter, il arrive parfois que l’on trouve les causes
de la mort. Les descendants de parisiens peuvent par exemple creuser du côté
des archives en ligne de l’APHP.
Piste n°3 « Les morts en temps de guerre » : Mourir en temps de
guerre laisse toujours des traces, aussi bien pour les civils que pour les militaires.
Victimes
des conflits contemporains :
Parfois la fiche matricule pour les hommes mobilisés offre déjà des indices sur
le parcours médical et le lieu de décès. Attention ne vous arrêtez pas là.
Vous pouvez par exemple vous adresser au Bureau des Archives des
victimes des conflits contemporains. Leurs archives sont très riches est
pourront vous indiquer s’ils possèdent un dossier individuel sur les personnes
qui vous intéressent, qu’elles soient civiles ou militaires. Cela concerne aussi bien
les morts en France (soldat au combat, victime des bombardements…) que les
français morts hors du territoire (prisonnier de guerre, STO, déportés…). N’oubliez
pas que pour ces cas, les archives AROLSEN peuvent aussi vous livrer des
indices.
Les
registres d'état civil des régiments de la guerre : Peu connues ces sources sont parfois riches
en enseignement quant aux circonstances d’un décès durant la première guerre
mondiale. Malheureusement ils ne sont pas encore numérisés et doivent être réservés
pour consultation via les archives nationales. Vous y trouverez en général la
cause du décès d’un soldat, qu’elle résulte d’une blessure reçue au combat ou
non, d’un accident, et même d’un suicide.
Le
cas des fusillés : La
mémoire familiale a parfois enfoui le souvenir des fusillés. "Mémoire des hommes" propose désormais une base qui s’enrichit progressivement pour les fusillés de
la première guerre mondiale.
Les
archives de la Croix rouge :
Pour les prisonniers des guerres mondiales, de la guerre civile espagnole, ou
d’autres conflits contemporains, la Croix rouge peut parfois conserver dans ses
archives des informations précieuses sur le décès des personnes qu’elle a
recherchées.
Piste
n°4 « les archives de la justice » :
Les archives du système judiciaire peuvent largement nous renseigner sur les
circonstances qui ont mené au décès d’un de nos ancêtres.
Les
victimes : Si l’une des
personnes qui vous intéresse est décédée suite à un accident impliquant d’autres
personnes (patron, conducteurs de véhicule, passagers des transports…) il est
possible qu’une enquête et même un jugement ait laissé des traces. Soit dit en
passant, ça vaut aussi pour les accidents n’ayant pas entraîné la mort mais une
blessure.
Les
condamnés à mort : Les archives
judiciaires offrent aussi la possibilité de retrouver les condamnations à mort.
Piste
n°5 « Catastrophe climatique et épidémie » : Il arrive parfois que l’on déniche un registre où le
rythme des décès s’accélère brutalement. Il se peut aussi qu’un hameau entier
soit décimé. Dans ce cas il est intéressant de se pencher sur le contexte de l’époque.
L’idéal, quand on travaille sur une longue période sur une zone précise, c’est d’établir
une fiche avec les grandes catastrophes qui ont maillé le territoire.
Heredis, par exemple, indique quelques événements météorologiques (canicule,
sécheresse, hiver glacial...) lorsque vous travaillez sur une période
mais c’est bien insuffisant. Les monographies locales vous donneront souvent de
nombreuses réponses.
Les
épidémies : Pour les
épidémies, le Covid 19 a été l’occasion de sortir un grand nombre de parutions sur celles qui ont marqué l’histoire. C’est néanmoins sur des sites qui regroupent
les articles des chercheurs de toutes les régions que votre pêche aux
informations risque d’être la plus efficace. Rendez-vous, par exemple sur persee.fr,
voici le type de publication qui peut être d’une grande utilité à vos
recherches :
-
BECCHIA
Alain. « Des villes épargnées ? L'épidémie de choléra de 1832 à Elbeuf. »
In: Annales de démographie historique, 1990. Démographie des villes et des campagnes.
pp. 53-70.
-
KINTZ Jean-Pierre. « Une épidémie
en Basse-Alsace en 1786. » In: Annales de démographie
historique, 1968. pp. 386-388.
-
Calastrenc
Carine. « La circulation des populations par les cols luchonnais en
période d’épidémie : l’apport des registres de la commission sanitaire de
1821 à 1822. » In: Culture et modes
de sociabilité méridionaux. Actes du 126e Congrès national des
sociétés historiques et scientifiques, « Terres et hommes du Sud »,
Toulouse, 2001. Paris : Editions du CTHS, 2007. pp. 135-143. (Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 126-4)
Les archives départementales, dans le
cadre d’expositions par exemple, ont parfois déjà fait des recherches sur les
événements locaux, n’hésitez donc pas à vous adresser à elles.
Piste
n°7 « Tables de successions et d’absences » : C’est extrêmement rare, je n’ai vu le cas qu’une
fois pour un décès au XXe siècle, la cause du décès est indiquée sur une table de
successions et d’absences. Sait-on jamais, vous pouvez tenter votre chance.
Pour la plupart de nos aïeux et de leur
collatéraux, les causes de leur décès resteront inconnues. Bien sûr nous
supposeront que…
-
… cet homme d’un
âge plus qu’avancé a été emporté par les conséquence de la vieillesse.
-
… cette jeune
femme, inscrite dans le registre quelques jours après le baptême de son bébé, est
morte des suites de l’accouchement.
-
… cet enfant décédé
à l’adresse d’une mine ou d’une usine a été victime d’un accident de travail.
Néanmoins j’espère que grâce aux pistes
que j’ai pu vous exposer certains décès pourront être expliqués dans votre
généalogie. Il en existe quelques autres, j’évoque ici les principales possibilités.
Néanmoins les commentaires vous permettent de partager votre expérience si vous
avez fait des découvertes via d’autres créneaux.
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J’espère que cette nouvelle rubrique vous plait, si c’est le cas n’hésitez pas à indiquer en commentaire d’autres questions récurrentes qui pourraient vous intéresser. Rendez-vous en août pour un nouvel article dans cette rubrique : Mince alors… où trouver des photos de mes aïeux ?
Bonnes recherches estivales.
P.S. : Il reste des places pour
commencer les cours de généalogie à l’automne, sur l’agglomération nantaise, n’hésitez
pas à m’envoyer un mail pour en savoir plus.
[1] Azémar
Rémi. Les causes de décès à La Roque-Sainte-Marguerite de 1721 à 1742.
In: Annales de démographie historique, 1984. Démographie historique
et généalogie. pp. 239-258.
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