J’ai eu l’occasion, récemment, de visionner un téléfilm anglais, Les enfants de Windermere. Je tiens à vous en parler sur le blog car il va rejoindre la courte liste des œuvres que je conseille à mes élèves pour comprendre l’immédiat après-guerre. Je suis, en effet, toujours un peu embêtée quand j’évoque cette période, que ce soit avec mes élèves en soutien scolaire ou avec ceux de généalogie. On ne manque effectivement pas d’œuvres de fiction ou documentaires accessibles sur la période 1939-1945. Pour la sortie de la guerre, je peine toujours à conseiller des lectures et des films sur cette période. Je pense en particulier à la libération des camps, au devenir des déportés, certains n’ayant parfois connu que cette vie-là.
I : Les enfants de Windermere, l’innocence brisée dans une Europe
encore déchirée.
Windermere est une petite ville au
nord de l’Angleterre qui a survécu comme tout le pays aux années de guerre. Non
loin du village, une zone a servi à la fabrication d’hydravions durant cette
période. En 1945, les lieux sont réquisitionnés, en particulier les
baraquements ayant servi à loger les ouvriers. De l’autre côté de l’Europe, on
organise la répartition des enfants juifs égarés dans l’enfer des camps. Le
Royaume Uni s’est engagé à en prendre 1000 sur son territoire. C’est ainsi que
300 enfants sont envoyés de Prague à Windermere à la fin de l’été 1945. L’arrivée
dans la propriété anglaise est un moment très intéressant car les enfants y
voient énormément de similitude avec les camps allemands.
Le film nous propose de suivre le parcours de certains de ces enfants,
issus d’un groupe où les plus jeunes n’ont que trois ans. Ces destins réels
nous permettent de nous questionner sur les traumatismes et leurs conséquences
sur les survivants des camps. On comprend ici la difficulté à témoigner et les
chemins détournés que doivent emprunter les éducateurs pour aider les enfants à
exprimer leur souffrance. Les adultes ont quatre mois pour réadapter ces
enfants à la société anglaise, un défi insurmontable ? Il aurait fallu du
temps, c’est pourtant une course contre la montre, qui met mal à l’aise tous
les encadrants, et peut-être bien le téléspectateur.
Quelle place pour les villageois anglais, voisins de la structure
d’accueil ? Thème, à mon goût trop peu exploré dans le film, on ne parle
presque pas de la réaction de la communauté locale. On a bien quelques
personnages que je trouve tout de même un peu trop caricaturaux. Ils sont
présentés comme méprisants, ignorants et sans compassion. Quand on parcourt les
articles sur le sujet on voit au contraire qu’il y eu des tentatives de tisser
des liens amicaux de la part de certains jeunes du village.
De façon globale les motivations des personnages sont parfois un peu trop
survolées. Il se trouve simplement que le sujet central du film n’est pas là,
il se concentre vraiment sur le parcours de reconstruction des enfants. Notons
aussi que l’apparence des jeunes acteurs ne rend peut-être pas assez la dureté
des conditions que sont censées avoir subi les victimes.
Le film n’ouvre pas simplement une porte sur des parcours individuels qui
permettrait de comprendre la tragédie des enfants, il nous questionne sur la
reconstruction de l’Europe et la transmission immédiate de l’histoire des
camps.
II : Le rôle crucial de la
Croix Rouge dans la reconstruction des enfants
Sur le blog la généalogie a une
large place, la quête de l’histoire familiale des enfants est donc très
intéressante. Dans ce film nous assistons à l’absence terrible de la famille,
non pas de celle qui nous a précédé, mais la famille immédiate. Ces enfants
ignorent ce qu’ils sont, des orphelins ? Beaucoup ne savent même pas si
leur parents sont morts dans les camps. On assiste donc à l’attente de ces
enfants, terrible, qui est la tension principale du film. Ils n’ont aucune
prise sur cette recherche. Certains
espèrent, d’autres sont résignés. Le film s’attache à nous présenter
différents profils.
C’est la Croix Rouge qui est en charge de ce travail dans une Europe en
plein chaos. Les amateurs de généalogie n’ignorent pas que l’association
n’a pas un rôle uniquement sanitaire. Les archives, aujourd’hui consultables
sous conditions, nous permettent de retracer les parcours de nos aïeux
prisonniers de guerre par exemple. Une des missions de la Croix Rouge est donc
aussi de permettre aux familles de pouvoir situer leurs différents membres concernés
par un conflit. Le film ouvre donc une petite fenêtre sur ce travail de fourmi,
souvent décevant pour ces enfants qui placent toute leurs espérances dans ces
lettres qui arrivent à Windermere.
Si je ne m’étends pas plus sur le film, pour ne pas vous gâcher la
découverte que vous pourriez en faire, j’aimerai m’attarder encore un peu plus
sur cette période.
III : Quels supports pour
mieux comprendre la destinée des enfants de Windermere ?
Comme je l’indiquais au début de
cet article, je peine à trouver des supports pour parler de l’après-guerre. Il
y bien eu deux films récents sur le sujet Les
oubliés, sur le déminage des plages par les jeunes prisonniers de guerre
allemands, ou encore Cœurs Ennemis,
sur l’occupation de Berlin par les alliés. Je ne les trouve pas
particulièrement adaptés aux collégiens par exemple. Plus anciennement nous
avions aussi Berlin année zéro, film
presque contemporain aux événements qu’il raconte. S’il est marquant c’est un
film très particulier qui demande à être bien expliqué avant et après le
visionnage.
Avec Les enfants de Windermere,
on offre une forme de conclusion à une des thématiques des plus développées
dans l’enseignement de la Seconde Guerre mondiale : la déportation des
juifs. Le résumé m’a immédiatement fait
penser au film La maison de Nina.
Cette fiction française ne s’appuyait pas sur des parcours réels comme le film
anglais. Elle témoignait néanmoins de la création des maisons d’enfants en
France. Il est à noter une spécificité qui rendait les relations entre les
personnages beaucoup plus dures, on y avait mélangé des enfants cachés qui avaient
échappé à la déportation et les adolescents revenus des camps. Plus dur, plus
long, plus complexe le film reste néanmoins abordable et complémentaire.
Pour ceux qui se questionnent sur le rôle du Royaume Uni dans le sauvetage des enfants juifs je conseille le très bon roman Vis, et sois heureuse, Ziska ! de Anne Charlotte Voorhoeve. Là vous changerez d’époque puisque vous serez dans l’immédiat avant-guerre. Vous y découvrirez le système des kindertransport, qui permirent à des centaines d’enfants juifs d’échapper à l’enfer de la guerre qui s’annonçait. Comme souvent dans la collection Millézime de Bayard, ces ouvrages classés en jeunesse plaisent autant aux adolescents qu’à leurs parents.
Vous l’aurez compris, je vous conseille vraiment de profiter de la
disponibilité des enfants de Windermere
en replay pour étoffer vos connaissances sur cette période. Si vous connaissez
de bons livres ou films sur l’Europe de 1945/1946 je suis preneuse de
références, n’hésitez à m’en faire part en commentaire.
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