Après un
article du 11 novembre consacré à la représentation des conséquences de la
guerre durant les années 1920, changeons totalement d’époque. Je vous présente
aujourd’hui un livre pour la jeunesse qui se déroule dans une Bretagne
médiévale. Je mettais récemment à jour ma liste de conseils de lecture en
lien avec le programme d’histoire de 5e, quand je me suis rendue compte que mes références avaient besoin d’un coup de jeune. Les dates
d’édition des livres que j’avais listés trahissaient qu’ils relevaient plus de
mes propres lectures d’adolescente que d’une actualisation régulière sur la
période. Si j’aime beaucoup Brisou-Pellen, Mirande ou Montella, d’autres
auteurs ont bien du s’affirmer dans le paysage de la littérature jeunesse
consacrée au Moyen Âge ? Ni une ni deux, je suis allée traîner dans les
rayonnages de la médiathèque pour me mettre au parfum. J’ai fini par jeter mon
dévolu sur un ouvrage intitulé : Avant
de devenir… Du Guesclin, les aventures d'un chevalier. Une jolie surprise écrite
par Sylvie Bages, sortie en 2014, récompensée en 2016 par le petit prix Fulbert
de Chartres Jeunesse. Au-delà de son curriculum vitae que puis-je vous dire de
ce petit livre ?
Depuis
2012, la collection « Avant de devenir… » proposée par Belin a pour
ambition de relater la destinée des grands personnages avant leurs principaux
faits d’armes. Il s’agit de comprendre dès l’enfance le parcours des grands noms
tout en dressant aussi un portrait de l’époque dans laquelle ils évoluent. Différents personnages sont
déjà représentés dans cette collection, de Jules César à Marie Curie. Du
Guesclin n’est pas donc des plus connus. J’avoue moi-même que je connais assez
mal le chevalier breton, le livre de Sylvie Bages est donc plus qu’une simple piqûre
de rappel.
Dans un
récit chronologique nous suivons le parcours de l’aîné des Du Guesclin durant trente
ans. Au début du livre nous découvrons un garnement de six ans que seule sa
position dans la fratrie désigne pour devenir chevalier. D’une part ses parents
n’ont pas d’affection pour ce fils brutal et au physique peu avenant, d’autre
part, en ce XIVe siècle, la chevalerie coûte terriblement cher aux familles qui
ne peuvent parfois pas entretenir plusieurs chevaliers, et les fils doivent parfois attendre
la mort de leur père. Le livre se sert du destin de Du Guesclin comme prétexte
à une explication détaillée de la complexité pour devenir chevalier à cette
époque. Le récit s’arrête 1357, le jeune héros approche la quarantaine et n’est
encore qu’écuyer. Les finances plus que les actes de bravoure manquent au jeune
breton comme à de nombreux nobles de l’époque.
Le petit
roman permet aussi de bien comprendre le conflit qui oppose l’Angleterre et la France
autour du duché de Bretagne. La guerre de succession est particulièrement bien
expliquée ainsi que la position des hommes. Du plus modeste chevalier aux
grands du royaume, ils doivent considérer avec prudence l’allégeance à
leur suzerain. La situation politique est donc présentée en parallèle d’autres
crises qui secouent le quotidien de tous comme la peste qui occupe une partie
du roman. Le livre n’extrait donc pas le chevalier de son époque, il montre les
défis qu’il doit affronter en tant qu’homme de guerre comme en tant qu’habitant
des villes et des campagnes médiévales.
A l’exception d’une réplique que j’ai trouvée trop
contemporaine, le livre semble globalement bien documenté et assez respectueux
de l’histoire. S’il reste un ouvrage de fiction, il suit globalement les anecdotes
et faits d’armes que les chroniques médiévales nous ont rapportés sur Du
Guesclin. Un livre facile à lire et très adapté pour les jeunes, notamment ceux
souhaitant compléter leurs lectures en lien avec le programme de 5e.
Il peut aussi intéresser d’autres publics car il est agréable à lire pour
les adultes. Je pense notamment aux élèves de généalogie qui veulent un support
accessible et distrayant sur la Bretagne du XIVe siècle. Notons aussi que Belin
a su ajouter deux éléments intéressants. En premier lieu, soulignons les
ingénieux rabats qui permettent de distinguer les personnages de fiction des
personnages ayant réellement existé. Ensuite notons que l’éditeur scolaire
garde ses bonnes habitudes avec un cahier documentaire clair et concis.
Pour
résumer, les points forts :
-
Un récit qui s’attarde sur la formation des chevaliers,
loin de l’idéalisation.
-
Un texte qui permet de comprendre que la chevalerie
est un concept qui a connu une importante évolution au fil du Moyen Age.
-
L’auteur offre une présentation intéressante de la
position de l’écuyer.
-
Un roman riche en vocabulaire, qui ne lésine pas sur
les notes de bas de page pour rendre le récit accessible sans sacrifier la
précision historique.
-
Une présentation soignée et bien pensée de la part de
l’éditeur. L’objet est déjà très agréable à consulter.
-
Une lecture complémentaire intéressante pour les élèves
de 5e.
Si vous l’avez
lu n’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé en commentaire.
Bonne
lecture
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