Un roman pour vivre la construction de la Tour Eiffel à côté des ouvriers.

 

Il y a plus de 130 ans, le 31 mars, avait lieu l’ouverture de la Tour Eiffel. Les livres sur le sujet ne manquent pas, y compris au rayon jeunesse. Je viens d’en lire un qui m’attendait depuis longtemps : Léon, sur le chantier de la Tour Eiffel de Dominique Joly. Le livre est publié dans la collection «  Mon histoire » chez Gallimard, elle a déjà été présentée sur le blog. Raconter la construction de la Tour Eiffel grâce au journal fictif d’un jeune ouvrier de quatorze ans, voici le pari de la romancière. J’avais un peu de doute sur la démarche, mais ça fonctionne, ça se lit bien, c’est instructif et les personnages sont crédibles.

Nous rencontrons, à travers ses écrits, Léon Dufresne. Il vient de quitter l’école (petite erreur dans le livre sur l’âge du certificat d’étude qui ne se passait pas encore à 14 ans) et doit travailler. Son père est décédé récemment et il est devenu l’homme de la famille. Il doit ramener un salaire. Il rejoint donc, au bas de l’échelle, les derniers mois du chantier où les délais manquent de ne pas être tenus. On a beau savoir que la Tour a ouvert en temps et en heure, on s’attache à l’enjeu et aussi au rôle que Léon pourrait jouer dans cette course contre la montre. Plusieurs affaires se suivent en parallèle : la réussite de la construction, les dangers du chantier où l’on ne veut aucun accident, l’avenir de Léon qui devra envisager l’après Tour Eiffel. L’hiver, il lui faut donc prendre un deuxième emploi quand le temps de travail diminue avec la saison. Ce travail à la forge du quartier dessine-t-il son avenir après la parenthèse extraordinaire au pied du monument ?

 Le livre fait donc l’impasse sur la conception, le travail de l’architecte ou les débats, des sujets déjà largement traités. Dominique Joly se penche sur la fourmilière qui grouille au pied de la future Tour ; comment travaillent les ouvriers, quelles sont les conditions climatiques lors de ce dernier hiver, celles de rémunération selon les spécialités ? Le livre met en scène aussi bien les revendications salariales qui créent des tensions, que les échos de l’agitation politique avec le général Boulanger. Un personnage qui m'a marqué durant mes cours à l'université, mais que je n'ai presque jamais recroisé par la suite. Le clin d'œil me marque d'autant plus que le professeur qui nous fit un long cours sur se général se nommait Joly comme l'auteur du livre. 

Revenons-en à Léon qui court Paris, sans forcément comprendre les enjeux, du chantier à l’usine de Levallois en passant par les autres constructions en cours pour l’exposition universelle. On a donc une vision assez large. 

Un très bon petit livre pour compléter le programme de 4^e. Presque tous ceux de cette collection sont de bons compléments, mais celui-ci me semble particulièrement réussi en équilibrant connaissance historique et récit intéressant. L’épilogue apporte un vrai plus, pour comprendre l’installation de la Tour dans notre imaginaire et le destin de Léon après le chantier. Une série de photos permet au jeune lecteur de découvrir les images originales de la construction.

Bonne lecture