Bonjour,
En attendant la reprise des cours
en septembre, je vous propose de partager avec vous quelques lectures d’été.
Je viens, enfin, d’achever En nous beaucoup d’hommes respirent de
Marie Aude Murail. J’ai dû m’y reprendre à deux fois pour lire ce livre, et ce
fut long, très long. Pourtant sur le papier, le livre avait tout pour me
plaire. Durant mon adolescence je me suis régalée de plusieurs des romans de
cet auteur, qui sont encore nombreux sur les étagères de ma bibliothèque. Quand
j’ai entendu parler de son nouveau livre via différents supports je n’ai pas
hésité, il a rejoint ma pile de livres à lire. C’est un bel objet attirant, on
peut dire de l’éditeur qu’il sait nous mettre l’eau à la bouche. Il a soigné
autant la couverture que les reproductions de photos, nombreuses, contenues
dans le livre. Fragile sûrement mais beau, ce livre était en plus pourvu d'un titre qui m’avait frappé. Si la forme séduit immédiatement il en
est autre chose du texte.
Je pense que ma déception au
terme de cette lecture vient entre autres des attentes que j’avais nourries pour
ce livre, je m’attendais à suivre les pas de l’auteur dans sa
recherche familiale. Le livre de Marie Aude Murail est en fait plutôt une mise en ordre des archives de famille et de son histoire personnelle. Elle a la chance
d’avoir hérité de nombreuses correspondances de ses aïeux, de là elle nous
explique les méandres des rencontres et des amours de la famille. On se perd
dans les générations que les guerres bouleversent pour glisser progressivement
dans l’autobiographie. Tout y passe de la guerre 14 à la découverte de la sexualité
de Marie Aude Murail. En écrivant ce livre elle nous propose surtout une quête personnelle,
sur sa construction et l’influence de ses racines sur sa vie. N’est-ce pas ce que
fait chaque généalogiste, quand il travaille sur son arbre ?
Marie Aude Murail a une chance et
un malheur, elle a hérité de nombreux témoignages de famille : courriers, journaux
intimes, photos… Cette abondance lui suffit. Si j’avais pu, j’aurais bien tapé
sur la table à certains moments de ma lecture. Page 64 par exemple, quand elle se contente d’une intuition quant à la suite de la guerre de
Raoul Barrois, elle suppose qu’après le 27 novembre 1914 il est resté travailler
en usine. Mes réflexes de passionnée de généalogie me disaient « et la fiche
matricule alors que dit-elle ? », par curiosité j’ai failli aller la
chercher, puis j’ai continué ma lecture.
L’arbre généalogique de la branche
maternelle, installé au milieu du livre (p.192) est lui-même le symbole de la première partie qu’il achève. Une de ses arrière-grand-mères n’y a pas de nom, un simple « ? »
après son prénom. Marie Aude Murail n’a pas eu, semble-t-il, la curiosité de chercher même
son nom (un petit tour sur généanet vous montrera que d’autres l’ont fait sans
rencontrer d’obstacle particulier). De toute façon aucun des papiers familiaux dont
elle a hérité ne semblait parler de cette Florentine, celle-ci n’existe donc pas
dans le livre. Seuls ceux qui ont laissé des écrits qui se sont conservés dans
la famille existent. Heureusement pour celle qui tient la plume, on écrit beaucoup
dans sa famille, sinon elle aurait été obligée d’aller aux archives…
Le livre n’est pas vraiment inintéressant,
je pense même que pour les passionnés de psycho généalogie il peut par exemple
être un bel exemple de mise en page de son travail sur soi. Il y a des passages,
comme lors de sa visite au Havre où Marie Aude Murail nous offre de beaux moments de réflexion sur la mémoire et ses enjeux. On a parfois aussi la sensation
d’entrer dans l’intimité d’une famille où tout le monde ne nous a pas invité.
Les lettres d’amour de ses parents et grand parents sont-elles faîtes pour être
publiées dans un livre grand public ? C’est une question qui me
tracasse depuis un moment, au-delà de ce livre, la légitimité de la publication des correspondances
privées. On crie à tout va à la protection de notre vie privée, on masque nos
contemporains sur généanet, mais la publication des correspondances des
ascendants dans de nombreux ouvrages ne semble chagriner personne.
Revenons-en au livre, je vais le
conserver, malgré ma déception. Je sais que dans ma bibliothèque personnelle il
continuera à être lu, par des amis, par certains de mes élèves à qui je le prêterai.
Il aura au moins nourri mes réflexions sur le rapport aux archives familiales. Aurais-je autant cherché si j'avais au autant de documents ? Rien n'est moins sûr.
Si vous avez lu ce livre, n’hésitez pas
à me donner votre avis en commentaire.
A bientôt
P.S. : Le blog connaît
quelques problèmes avec les images actuellement, je travaille à régler cet
incident technique.
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