dimanche 11 octobre 2020

Code 1879 : La richesse des archives au service de la police ?

 

Bonjour,

Après vous avoir présenté la semaine passée Si je reviens un jour, un support plutôt à destination de la jeunesse, je vous propose une lecture très différente. On m’a offert en juin le premier volume des Enquêtes du généalogiste de Dan Waddell, intitulé Code 1879, le livre ne me disait rien. Je n’achète quasiment jamais de livre dans les collections polar, je fuis encore plus les thrillers. Je suis pourtant friande des séries policières télévisées, allez comprendre. Peu inspirée j’ai quand même saisi le livre sur mes étagères. Bien m’en a pris.

                Le début est relativement classique bien qu’on suive trois volets différents en parallèle. Les premières pages sont consacrées à la mise en contexte et à la description d’un meurtre dans une rue londonienne. Une autre scène nous présente un inspecteur désabusé arrivant sur une scène de crime avec sa jeune adjointe. Deux particularités sautent aux yeux des enquêteurs : le lieu, c’est un cimetière, et l’absence des mains de la victime. Enfin nous suivons le parcours d’un généalogiste professionnel à la situation à peu bancale, les clients ne courant pas les rues. L’enquête prend une tournure originale quand une référence d’acte d’état civil est trouvée sur la scène de crime. Un concours de circonstances mène donc la police à contacter un professionnel des archives en la personne du généalogiste Nigel Barnes. Je ne vous en dirai pas plus sur la suite de l’enquête, sur la rencontre des personnages, sur leur rapport au passé, pour vous conserver au maximum la surprise. Je peux par contre vous indiquer que deux sources vont être particulièrement utiles à l’enquête, en sus des techniques classiques de police. D’une part on a l’exploitation de l’état civil et des recensements, et d’autre part l’exploration de la presse ancienne. En effet pour tenter de comprendre les motivations du ou des criminels, les enquêteurs vont devoir suivre les indices issus des archives. La police scientifique ne suffira pas, puisqu’il faudra remonter à la fin du XIXe siècle pour comprendre les origines de cette énigme.

                J’ai globalement bien aimé le livre, excepté une scène de torture sur la fin, une description dont je me serais bien passée. Je le conseille aujourd’hui à mes élèves de généalogie, pour plusieurs raisons. Il met en avant la richesse de la presse ancienne comme source d’informations pour retracer  le parcours d’une personne, ici les acteurs d’un crime. Durant mes cours je ne manque pas de rappeler et d’initier mes élèves à cette source souvent laissée de côté par les généalogistes amateurs débutants. Pas besoin d’avoir des meurtriers dans la famille pour espérer trouver ses aïeux dans les pages de l’actualité. Depuis que je donne des cours, j’ai vu mes élèves trouver un peu de tout : victoire à un concours agricole, distinction en broderie, découverte d’un noyé durant une partie de pêche, récit d’exploits dans les tranchées, délit de fuite à bicyclette…   Contrairement aux chercheurs du livre de D. Waddell nous avons la chance de pouvoir fouiller l’actualité d’hier depuis notre ordinateur pour de nombreux titres régionaux et nationaux. En plus de vous donner envie de découvrir une source que vous utilisez peut-être peu, il est intéressant via ce roman, de découvrir les petites différences dans la façon de mener les recherches généalogiques outre-manche. Je ne connaissais pas du tout le Family Records Centre par exemple où se rendent régulièrement les protagonistes du roman. C’est le centre d’enregistrement des familles britanniques, il a fermé en 2008, année de sortie du roman dans le pays de sa majesté. Le livre vous incitera, si vous avez aussi le cas dans vos familles, à vous pencher sur le passé judiciaire de vos ancêtres. Il peut être riche en découvertes, que votre aïeul eut été victime, accusé ou professionnel de la justice. De plus l’auteur ouvre la réflexion du lecteur sur des disciplines connectées à la généalogie, sans forcément y adhérer, comme la psychogénéalogie ou la psychogéographie.

                Au terme de ma lecture je suis bien tentée d’acheter les autres tomes de la série dans les mois à venir. J’ai bien aimé la résolution non pas d’une, mais de deux affaires séparées par plus d’un siècle. J’ai aussi apprécié le regard porté par l’auteur sur les différentes motivations qui peuvent nous pousser à nous lancer dans la généalogie. La question aussi de l’erreur judiciaire et de ses conséquences sur l’entourage est intéressante.  

Je vous conseille donc la lecture de ce livre qui ne manquera pas, je l’espère, de vous interroger sur votre rapport à vos ancêtres et à leurs actes passés. Je partagerai avec vous mon avis sur les autres volumes par la suite. La curiosité me pousse en effet à me demander comment l’auteur réussira-t-il à créer une nouvelle enquête originale ? Si vous avez déjà tenté cette série, n’hésitez pas à laisser votre avis.  

A bientôt

 

               

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    J'ai également lu la trilogie. "Depuis le temps de vos pères" et "la moisson des innocents" les seconds et troisième.
    Je vous les conseille ils sont parfaits !

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  2. Je reviens vers vous pour vous indiquer un livre lu récemment et très intéressant pour un généalogiste particulièrement curieux : Nézida, de Valérie Paturaud. A décortiquer avec grand plaisir !

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