jeudi 26 août 2021

Les grognards de Napoléon, une bande-dessinée pour plonger dans leurs rivalités


            Depuis un moment je voulais tester la collection de bandes-dessinées L’homme de l’année. Elle a été lancée par Delcourt en 2013. Le concept est assez simple, proposer l’histoire d’un anonyme, réel ou fictif, qui a pris part à la grande Histoire. Parmi les premiers volumes de la série, l’éditeur a proposé L’homme de l’année 1815 : L’homme qui hurla « merde ! » à Waterloo. Sept ans après sa sortie, l’album est à nouveau mis en avant avec cette année propice à l’évocation des souvenirs napoléoniens. Le titre m’avait interpellé, moi qui, nantaise, ait vécu dans une ville où l’image de Cambronne est très présente. Je vis à quelques pas du cimetière où il repose et traverse parfois le cours qui porte son nom. Pourtant, avouons-le, comme tous les petits nantais, enfant j’ai avant tout retenu que l’homme était resté célèbre pour avoir dit « merde ».  Piquée par la curiosité j’ai donc donné sa chance à la bande-dessinée. 

I : Les ambitions des grognards, moteurs des guerres napoléoniennes ?

            L’album propose donc de suivre les parcours de deux soldats de 1796 à 1819. L’un est un personnage de fiction, Gaillard, l’autre a bel et bien existé, Mariolle. Le premier représente l’ensemble des soldats anonymes se battant en espérant s’illustrer, mais dont le nom s’est perdu dans les limbes de l’histoire. Le deuxième est un soldat connu, on pense qu’il est peut-être même à l’origine de l’expression « faire le mariole ». Ceci tient probablement de la légende. Néanmoins, il est un de ces hommes qui, par sa carrure et son attitude « grande-gueule », attire l’attention. Une rivalité va donc naître entre Gaillard, en peine pour se faire remarquer malgré ses faits d’arme, et Mariolle à qui, toujours, le destin semble sourire. Le récit permet donc de mesurer, à hauteur d’homme, les multiples enjeux individuels qui animent la bataille. Une défaite de l’armée cache parfois des victoires personnelles. Pour équilibrer le récit, l’auteur offre tout de même plusieurs scènes auprès de l’état-major, des incursions habilement disséminées dans l’œuvre.

II : Quel avenir pour des hommes façonnés par la guerre ?

            Pour traverser l’Europe et l’Egypte, Pierre Schelle offre une palette de couleurs variées, parfois vives contrairement à ce que suggère la couverture. Le scénariste, Sébastien Latour, ne se fend pas d’une introduction et nous projette directement dans les combats au pont d’Arcole. De ces premiers pas en Italie, on retient l’importance des honneurs promis aux soldats pour les motiver. On voit défiler, durant tout le texte, les mentions des sabres d’honneur et des carabines tout aussi honorifiques. Malheureusement ce qui compte à l’armée n’est plus forcément primordial revenu à la vie civile. La bande-dessinée évoque donc aussi le difficile, voire impossible, retour à sa vie d’avant. L’existence sur le front a fait, parfois, de ses hommes des héros de la guerre et des fantômes dans leur village. Rapidement aussi, au détour d’une planche, l’auteur évoque l’angoisse de ne pas rentrer en un seul morceau et les affres de la chirurgie de l’époque.

III : Une bande-dessinée pour mieux appréhender les guerres napoléoniennes ? 

            Vite, le lecteur suit les deux compagnons d’armes d’une bataille à l’autre. On ne souffle pas, pas assez. L’ouvrage aurait peut-être gagné à prendre son temps en construisant l’histoire en deux tomes. Parfois cet enchaînement peut s’avérer indigeste. Le livre n’est pas une première lecture sur le sujet, il faut déjà être quelque peu familier de la chronologie de l’épopée napoléonienne. Autre possibilité, en faire une première lecture, pour s’imprégner de la période, et le relire plus tard, après s’être renseigné sur l’époque via des lectures, des films ou des expositions. Vous aurez ainsi la chance de vivre deux lectures tout à fait différentes, l’une où vous vous serez concentré sur le destin des personnages, l’autre sur la mise en scène de l’Histoire. Il manque un petit carnet documentaire, comme on le trouve désormais dans d’autres collections historiques.

Un livre que je ne manquerai pas de conseiller aux élèves de première, aux côtés de Chronologix que je vous ai déjà présenté. Je pense aussi en suggérer la lecture à mes élèves de généalogie qui auraient un grognard dans leur famille. Si la période napoléonienne vous intéresse, je vous invite à vous procurer cet ouvrage en librairie, ou pour les nantais dans une des bibliothèques de la ville, cinq d’entre elles le proposent.  Quant à l’homme qui a dit merde à Waterloo je vous laisse parcourir le livre pour vous faire une idée sur la question.

Bonne lecture et bonne rentrée à tous. 


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