dimanche 13 mars 2022

Mince alors… Un implexe, une drôle de bête dans mon arbre ?

 



            Lors de mes premiers cours de généalogie, avec mes grands débutants, notre discussion passe en général par un point de vocabulaire : AD, sosa, souche, enfant naturel, degré de cousinage, implexe… tenez arrêtons-nous sur ce dernier mot. La notion qu’il recouvre semble particulièrement ardue pour les néophytes. Je ne sais pas si je l’explique mal, c’est probable, mais je sens que mes élèves ne sortent pas totalement satisfaits de mes explications. Essayons donc d’écrire et d’illustrer ce cas, auquel de nombreux généalogistes seront confrontés. Pour cela quoi de mieux qu’une bonne histoire ?

            Il était une fois, à l’église de Guiclan dans le Finistère, un couple de jeunes bretons prêts à se dire oui devant l’autel. Faisait-il froid en ce mois de février ? Je n’en sais rien, mais c’était la saison des mariages, Olivier BRETON et Jeanne SIMON (SYMON), commençaient ici leur histoire commune. Nous sommes en 1683, de leur union naîtront, en l’état de mes recherches actuelles, sept enfants.

            Point définition n°1 : N’aurait-on pas perdu le fil de notre article ? Non, rassurez-vous. Un implexe commence ainsi, par un aïeul parent d’au moins deux enfants (Olivier ou Jeanne dans notre cas feront l’affaire).

            Dans la nichée de Jeanne SIMON, on trouve deux sœurs qui vont être le nœud de notre problème : Marguerite BRETON (1685-1706) et Jeanne BRETON (1696-1777). La plus âgée des deux se marie en 1703 à Jean HIRIEN, elle meurt alors que sa fille unique, Catherine, a un peu plus d’un an. Jeanne, la tante de la jeune orpheline, vivra, elle, jusqu’à l’âge respectable de 80 ans. Mariée à Jean GUILLERME, elle a au moins six enfants. C’est son fils aîné, François (1726-1779), né l’année suivant le mariage de ses parents qui va nous intéresser pour la suite de notre histoire. Je ne lui connais qu’un fils ayant atteint l’âge adulte.   

            Point définition n°2 : Vous êtes perdu ? Retenons les points principaux, il faut que deux branches au moins, issues de notre ancêtre aient eu une descendance. On distingue donc une branche « Marguerite » d’un côté et une branche « Jeanne » de l’autre.

            Les descendants de Marguerite prospérèrent. En 1763, un de ses arrière-petits-fils vit le jour à Saint-Thégonnec, Jean FLOCH, premier de sa lignée à ne naître ni à Guiclan ni à Plouvorn. Il finira ses jours à Pleyber-Christ. Peu à peu donc, cette branche commence à avoir la bougeotte. Le fils de Jean naît et meurt aussi dans deux communes différentes. En 1904, un bébé pousse son premier cri dans un hameau d’Huelgoat, mon arrière-grand-père descend directement par sa mère, Marie Anne LE FLOCH, de Marguerite BRETON.

            Qu’est devenue pendant ce temps la branche de Jeanne ? Comme les descendants de Marguerite, ceux de Jeanne ont quitté Guiclan, une partie d’entre eux est arrivée à Pleyber-Christ dans les années 1820. En 1884, Jeanne Yvonne GUILLERM est inscrite dans le registre de l’état-civil, mon arrière-grand-mère a pour aïeul Jeanne BRETON.

            En 1974, dans un port du Finistère sud, mes parents se disent oui devant l’autel. Le mariage a lieu sous la bénédiction du soleil de juin. La mode a changé, on se marie à la saison où les aïeux étaient obnubilés par le travail de la terre. Mes parents ignorent alors que dix générations auparavant un couple d’ancêtres communs à leur deux arbres regardaient aussi un prêtre inscrire leur nom dans un registre paroissial. A ma naissance, trois siècles après celles de Marguerite et Jeanne, je descendais par deux branches distinctes d’Olivier et Jeanne BRETON.

Point définition n°3 : Olivier et Jeanne apparaissent donc au moins deux fois dans mon arbre. Un ancêtre apparaissant ainsi à plusieurs reprises dans l’arbre d’une même personne (le sosa 1 ou la souche de ce travail généalogique) est donc un implexe.


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/!\ Point d’attention /!\

Nous n’aurons pas tous la même quantité d’implexes. Je m’étonne à vrai dire de ne pas en avoir trouvé plus dans mon arbre, mes parents ayant de nombreuses communes en commun dans leurs arbres respectifs. Certaines situations sont plus propices à l’apparition d’implexes, par exemple :

-          Une faible mobilité géographique de vos aïeux.

-          Une certaine endogamie dans certaines corporations.

-          Des spécifiés religieuses réduisant les possibilités de mariage.

-          L’optimisation de transmission des titres ou des biens.

-          Le regroupement des communautés d’immigrants par origine géographique commune. 

Un implexe célèbre ?

            Victoria, reine du Royaume-Uni, est parfois qualifiée de grand-mère de l’Europe. En effet, sa nombreuse descendance dans presque toutes les familles aristocratiques du continent s’étant croisée régulièrement pour échanger des alliances, elle devient ainsi un super implexe. Les enfants d’Elizabeth II descendent ainsi par leur mère, née à Londres, et par leur père, né à Corfou, de Victoria. Pas de proximité géographique comme mes ancêtres mais une rencontre due à la fois à une proximité de classe sociale et aux migrations conséquentes aux troubles politiques et à la guerre.    

            Je vous invite donc à vous pencher de plus près sur vos arbres, étudiez donc vos doublons. Il se pourrait bien que vous soyez passé à côté d’un implexe. Notez une dernière petite chose importante, plus vous remontrez, plus vous aurez de probabilité de tomber sur des situations comme celle-ci, c’est mathématique. J’espère, après cette lecture, que ce terme n’aura plus de secret pour vous.

            Pour ceux que le sujet aurait passionnés, Laurent Nabias propose une série d’articles remarquablement précis sur le sujet. Je vous invite à parcourir son blog, en particulier :

-          Recensements de circuits matrimoniaux – C’est quoi donc ? Épisode I

-          Détection automatique de mariages consanguins et de redoublements de mariages – EPISODE II

            Bonnes recherches à tous.

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