Les
élèves que je suis, en cours particuliers, sont partis avec, dans leur bagages,
une liste d’été pour s’imprégner du programme d’histoire. Ils y trouveront des
films, des séries, des livres pour explorer toute la chronologie de l’année à
venir. Certains thèmes pourtant me posent plus problème, ainsi je manque
souvent d’idées pour la période de la guerre froide. Cela faisait un moment que
j’avais envie de parcourir la
bande-dessinée La patrie des frères
Werner qui se déroule en Allemagne durant la période RDA/RFA. Les créateurs
de ce volume n’en sont pas à leur coup d’essai, Philippe Collin et Sébastien
Goethals ont déjà rencontré le succès avec Le
voyage de Marcel Grob sur les « malgré nous », ces alsaciens
enrôlés dans l’armée allemande. Un autre titre qu’il me faudra aussi lire quand
il sera disponible à la bibliothèque, peut-être à la rentrée de septembre.
Revenons-en aux frères Werner.
Nous
rencontrons Adreas et Konrad dans un Berlin en ruine, qui n’est pas sans
rappeler le décor du célèbre film de Roberto Rossellini. Dans Allemagne année zéro, le réalisateur
italien mettait en scène une tragédie filmée à hauteur d’enfant dans les restes
de la capitale allemande. De même la bande-dessinée s’ouvre sur le portrait
d’enfants juifs vivant les derniers sursauts de la guerre et décidant de fuir
en prenant la route de Leipzig. Par étape nous allons les voir grandir dans
cette Allemagne qui doit se reconstruire. Les auteurs nous racontent leur vie,
l’entrée sans conviction dans la STASI et les tiraillements entre fidélité au
régime et attachement à la famille et à son histoire. Ainsi se pose souvent la
question du rapport à la mémoire de l’extermination des juifs.
De
l’enfance à leurs vies d’adulte respectives, l’un en RDA, l’autre en RFA, nous
ne perdons jamais la trace des frères Werner. Le point culminant de l’intrigue a
lieu en 1974 quand leurs chemins se croisent à nouveau lorsque les équipes de
foot des deux Allemagne s’affrontent, tous deux travaillant dans l’entourage
des joueurs. Ces deux hommes dont le mode de vie est devenu radicalement
différent arriveront-ils à renouer un lien fraternel ? On lit, dans les
dialogues, des visions différentes et les arguments des deux camps pour
défendre leurs systèmes de fonctionnement. L’utilisation du fameux match qui
tient déjà plus à l’époque d’une confrontation entre les deux blocs que d’une
partie sportive est très bien réalisée. Il permet d’inciter les lecteurs à se
rappeler à quel point le sport, le football en particulier par sa résonnance
médiatique, peut être un combat politique.
Si
le livre abuse un peu des ellipses et qu’il faut se familiariser avec le
graphisme et les teintes en noir, blanc, sépia, l’ouvrage vaut le détour. Je le
conseillerai sans hésitation à mes élèves de 3e comme aux premières.
Il est possible que le long et très dense cahier documentaire soit oublié dans
la lecture mais la thématique sportive arrivera peut-être à convaincre les plus
réticents. Attention, néanmoins la lecture n’est pas des plus aisées pour un
format bande-dessinée par la construction du récit un peu morcelé.
Si
vous, vos enfants ou vos élèves l’avez lu n’hésitez pas à partager vos
ressentis sur ce beau livre. Un site
très sobre est proposé par futuropolis pour le découvrir.
Bonne lecture à tous.
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