mardi 16 août 2022

Marathon : récit dessiné d'une médaille d'or inattendue (J.O. : 1928)

 


            Toujours à la recherche de supports variés pour mes élèves, je me suis laissée guider par le hasard dans le rayon BD de la bibliothèque municipale. Je suis ressortie des lieux avec un titre récemment arrivé dans les rayonnages. Il me semblait très utile ce Marathon de Nicolas Debon. Utile ? Pour chaque période du programme d’histoire je tiens à avoir des références de lectures complémentaires, instructives et attractives. Elles me servent en cours d’année comme prolongement des notions travaillées et pour mes élèves de cours particulier pour dresser les listes de lectures de vacances. Je me suis rendue compte que j’étais assez pauvre quant à la période de l’entre-deux-guerres, pour les 3e par exemple. J’ai profité de la pause d’été pour refaire ma bibliographie. C’est dans ce cadre que s’inscrit cette nouvelle découverte.

            Le récit dure le temps d’un marathon olympique, épreuve reine de l’événement. Nous sommes spectateurs, avec la presse, de l’édition 1928. Nous allons donc suivre, avec assez peu de texte ce marathon commenté par les journalistes français. Cette IXe olympiade moderne est assez importante pour le concert des nations puisqu’elle signe le retour de l’Allemagne dans cette compétition sportive. La France, elle, est à la peine sportivement parlant. Le marathon c’est l’épreuve de la dernière chance pour rapporter une médaille d’or, la délégation de 231 sportifs n’ayant réussi qu’à en glaner cinq. A la lecture des premières pages, on comprend vite que le pays est loin derrière les favoris, la Finlande ou les Etats-Unis par exemple.

            On nous présente, seulement à la page 21, le coureur portant le dossard n°71. C’est Ahmed Boughéra El Ouafi, originaire de l’Algérie, alors française. Ouvrier à Paris, il est déjà un coureur aguerri, mais cet « indigène » n’est guère admiré par les journalistes. Pourtant c’était tout de même ses deuxièmes olympiades, il avait participé, sans remporter de médaille, à celle de Paris en 1924. Sa victoire de 1928 que relate l’album est donc une surprise pour le monde sportif, le public et les medias. Le déroulé de la course, les difficultés rencontrées par les coureurs (les chaussures entre autres), les premières tentatives de dopage sont autant de thèmes qui rythment l’album. Nicolas Debon a fait le choix de concentrer son récit sur la seule course d’Amsterdam, sommet de la carrière d’Ahmed Boughéra El Ouafi. C’est aussi sa dernière compétion sportive.

            Le cahier documentaire nous évite de rester sur notre faim en complétant l’œuvre artistique qu’est cet album au graphisme particulier mais prenant. Nous y apprenons le parcours du coureur et, surtout, sa chute après la gloire. Une tournée américaine lui permet quelque temps de gagner sa vie et d’envisager un autre destin que le quotidien d’ouvrier dans les usines Renault où il travaille dans les années 1920. C’est oublier la règle de l’amateurisme qui mettra de nombreux athlètes hors des stades si, d’une façon ou d’une autre, leurs talents sportifs leur ont permis quelques rentrées d’argent. Ces ainsi que le héros d’Amsterdam sera privé à vie de compétitions sportives suite à cette tournée américaine et enchaînera les coups du sort jusqu’à son décès en 1959. 

            L’histoire du coureur algérien est assez à la mode, il semble être brutalement sorti de l’oubli. Une autre bande-dessinée sur ce coureur d’exception est sortie cette année L'or d'El Ouafi de Paul Carcenac. Par ailleurs la vie de l’athlète devrait être prochainement portée sur grand écran. Trois exemplaires du volume de Nicolas Debon sont disponibles dans le réseau des bibliothèques municipales de Nantes.


            Une nouvelle BD à recommander pour les 3e qui peuvent poursuivre l’exploration des thématiques de cet album par :

-          Le film La couleur de la victoire qui évoque lui aussi le parcours sportif d’un athlète qui durant l’entre-deux-guerres doit affronter les préjugés.

-          La série The English Game, qui ravivera des souvenirs du programme de 4e, et pourra surtout permettre de poursuivre la réflexion sur la professionnalisation du sport.

J’espère que cet article vous donnera envie de mettre ce bel album dans les mains de vos enfants ou de vos élèves. Je vous retrouve bientôt pour d’autres conseils. Dans un prochain article je vous présenterai Une fille en Or, un autre destin olympique relaté par P. Nessmann. 


Bonne lecture.


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