dimanche 13 octobre 2024

« Plus jamais Mozart » : le silence de la Shoah en héritage ?


            Les vacances d’été ont été l’occasion pour moi de renouer avec les ouvrages d’un auteur que j’ai beaucoup lu à l’adolescence : Michael Morpurgo. Pour accompagner dans une de ses lectures cursives un de mes élèves de 6e, j’ai relu Kensuké. Ceci m’a remémoré les plaisirs de lecture de Cheval de Guerre, du Roi Arthur ou de Soldat Peaceful. Je dois avoir encore chez moi une petite dizaine de volumes de cet auteur, autant dire un pourcentage infime de son œuvre. Avec les vacances d’été, j’ai pris le temps d’en découvrir d’autres. Je propose donc un premier conseil de lecture issu de ce petit marathon estival, avec Plus jamais Mozart. Ce livre m’a attiré par son format très particulier, presque carré, l'apparence d'un petit album et une belle couverture bleue.

            La couverture, parlons-en justement, l’adulte que nous sommes y distinguera tout de suite deux éléments facilement identifiables : la silhouette de Venise en bas et la discrète étoile jaune sur la veste d’un des personnages. Je pense qu’un enfant pourrait passer à côté de ces détails et se lancer dans l’histoire sans y prêter attention, conservant toute la surprise du récit. Attention, nous plongeons dans un récit enchâssé et même plusieurs, un artifice qu’affectionne souvent Morpurgo. Il s’agit de laisser l’histoire être racontée, non pas par le narrateur principal, mais par un personnage du récit. Ici, une jeune journaliste interroge un musicien vénitien qui va lui relater son enfance où lui-même sera amené à se voir transmettre par son maître de musique le parcours de trois juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Le procédé peut parfois déstabiliser un jeune lecteur, mais les nombreuses illustrations aident à suivre le fil rouge de l’histoire.

            Le point fort, coté historique, c’est de traiter deux thèmes qu’on trouve assez peu finalement dans la littérature jeunesse des librairies françaises. Pour commencer, le livre évoque la déportation des juifs italiens et la position des talentueux musiciens sauvés tragiquement par la musique. Ensuite l'ouvrage aborde le traumatisme et la transmission de l’histoire de la déportation dans le cadre familial dans les décennies qui suivent la guerre. 
 

Le format peut-être déroutant, on peut facilement délaisser l’ouvrage sur un rayonnage en le prenant pour un album pour des enfants de début de primaire. Il s’agit en réalité d’un livre plutôt accessible à partir du CM et qui peut être une lecture facile et intéressante pour des collégiens. Je trouve que c’est une lecture complémentaire pour un jeune qui a déjà des repères autour de la Shoah. La présence des illustrations est à double tranchant, elle peut aider un élève frileux ou en difficulté ; un bon lecteur à l’inverse pensera peut-être qu’on le prend pour un « bébé ».

            Un petit livre à glisser dans les mains de vos enfants ou élèves mais aussi à lire à titre personnel. Le Memo Nantais vous rappelle que l’ouvrage est disponible dans le réseau des bibliothèques nantaises. Bonne lecture à tous, je vous présenterai plus tard dans l’année d’autres ouvrages de ce grand auteur anglais. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire