dimanche 27 octobre 2024

Mince alors… mon ancêtre serait-il immortel ?

Retour de la rubrique « Mince alors » qui avait laissé sa place le mois dernier aux « Outils du généalogiste ». La période de la Toussaint étant propice à évoquer les décès, nous allons aujourd’hui compléter un article qui a connu un franc-succès « Mince alors… Comment sont morts mes aïeux ? ».

Avant de se poser la question du comment, il s’agit souvent de savoir quand ils sont passés de vie à trépas. Certains sont assez doués pour nous échapper, au point qu’on se demande parfois si la faucheuse n’aurait pas oublié quelqu’un. Il est vrai que, c’est toujours le cas actuellement, un certain nombre de personnes se volatilisent, mais une grande partie de nos ancêtres sont bien répertoriés. Il arrive simplement que nous ne sachions pas par où commencer nos recherches.

Je vous propose de survoler, aujourd’hui, quelques-unes des solutions les plus communes pour retrouver un décès durant la période contemporaine (à partir de 1789).

Comme l’article est assez long, je vous propose un petit sommaire :

I - Evaluer la date d’un décès : de multiples indices

II – Les incontournables tables décennales

III – Les tables de successions et d’absences

IV – La presse ancienne, une ressource pour débloquer les cas désespérés ?

V – Et les morts trop récents ?

 

I - Evaluer la date d’un décès : de multiples indices

         La première chose à faire est de récolter les indices pour limiter la période de recherche. On retrouve ici la méthode que nous avions vue dans « Mince alors… Pourquoi ai-je besoin d’une fourchette, en généalogie ? ». C’est en ciblant que vous pourrez tirer le bon fil. Voici quelques exemples des questions que vous devez vous poser quand un décès vous échappe :

-          Si la personne recherchée a des enfants, est-elle signalée présente à leur mariage ? Les actes de mariage des enfants donnent des informations parfois très précises sur les parents. Par exemple, mon aïeule Marie-Louise DUNAY est absente au mariage de son fils en 1906, absence justifiée par un certificat d’aliénation. On comprend donc pourquoi elle était introuvable, mais jusqu’à cette date au moins elle était en vie.  

-          Si vous connaissez ses communes de résidence, relevez les absences dans les recensements, cela peut-être une piste. Attention mille raisons peuvent expliquer une absence sur un recensement : déplacement saisonnier pour de l’emploi, incarcération, service militaire, placement en apprentissage… Les recensements sont néanmoins une piste à ne pas négliger. Ils permettent au moins de marquer « en vie jusqu’à cette date ». 

-          S’il y a un enfant posthume enregistré, pour les hommes, cherchez un décès dans les neuf mois qui précèdent. Vous pouvez déjà noter « Mort entre ces dates »

-          Si remariage d’une veuve, on cherchera le décès de son précédent mari au moins 300 jours avant, c’est le délai de viduité (valable jusqu’en 2004). Ne sont pas concernées les femmes trop âgées pour avoir des enfants.

-     Les registres des cimetières sont parfois en ligne et interrogeables via un simple nom, si vous trouvez l'ancêtre, vous trouverez sa date d'inhumation. De là vous devriez avoir peu de mal à trouver son décès.   

 

Après avoir procédé par élimination et restreint la période des recherches d’autres pistes s’offrent à vous pour trouver la date exacte. 

 

II – Les incontournables tables décennales

 

            C’est la piste la plus évidente pour les mordus de généalogie, mais comme cette rubrique est destinée aux débutants, une piqûre de rappel ne me semble pas inutile.

La première étape pour tout acte dont nous ne connaissons pas l’année exacte est le passage par les tables décennales. On les trouve généralement facilement, numérisées et parfois disponibles bien avant l’état civil en ligne.

            On y trouve par tranche de dix ans, comme le nom l’indique, les actes classés par ordre alphabétique. Attention, en cherchant votre ancêtre, pensez à bien relever tous les homonymes, le premier trouvé n’est pas forcément le vôtre. Pour faire le tri dans les homonymes, j’ai déjà proposé une fiche « Mince alors… des grappes d’homonymes dans mon arbre, comment cueillir le bon ? » Une fois les différentes dates relevées, rendez-vous dans les registres et retour à la démarche que vous connaissez bien du relevé d’acte et du report des informations dans votre arbre.

            Voici pour les cas les plus simples, on établit une fourchette puis on resserre avec les tables décennales. Ceci fonctionne bien, surtout si nos aïeux n’ont pas trop la bougeotte. Parfois il faut pourtant élargir, première étape de ce cheminement une ressource qui n’est malheureusement pas numérisée pour tous les départements.

 

III – Les tables de successions et d’absences

            Les tables de successions et d’absences remplacent en 1825 les tables de sépultures et de décès. Elles sont conservées aux archives départementales. Trouvant leurs origines sous la Révolution, ces tables sont une mine d’informations. Classées par ordre alphabétique, elles permettent de trouver la date de décès, la profession, le statut marital, des indices sur les successions (au XIXe siècle apparaissent parfois les noms des héritiers)… Les informations présentes évoluent au fil des décennies, ainsi l’âge sera remplacé par l’année de naissance après la Seconde Guerre mondiale ; les noms des héritiers ne sont plus présents au XXe siècle… Il ne faut donc pas s’étonner de ces variantes. Il arrive, rarement, que l’on y trouve la cause du décès mais j’ai déjà eu cette chance, même si d’autres sources existent à ce sujet (se reporter à « Mince alors… Comment sont morts mes aïeux ? »).

Les femmes mariées y sont enregistrées sous leur nom de jeune fille. Attention l’ordre est alphabétique pour trouver le nom « on cherche par exemple un nom en B ». Ensuite dans la section B ce n’est plus l’ordre alphabétique qui prévaut, mais le numéro d’ordre (la date de décès). Il correspond à l’ordre chronologique de la déclaration. La succession est plus ou moins détaillée, de toute façon c’est dans les archives du notaire que l’on peut continuer ses recherches. Enfin, le numéro mentionné nous permet d’accéder à la déclaration de succession, aussi conservée aux archives. Certains départements les ont mises en ligne, comme la Vendée, mais ils sont encore très rares.

Tous les départements n’ont pas mis en ligne ces précieux documents. De plus, dans le cas où ils ont été numérisés, toutes les années depuis la Révolution ne sont pas en ligne. Il faudra donc parfois se déplacer aux archives et en attendant, à son domicile, faire contre mauvaise fortune bon cœur.

IV – La presse ancienne, une ressource pour débloquer les cas désespérés ?

Je vous le dis, encore une fois, la presse ancienne en ligne est du pain béni pour nos recherches généalogiques. Si le décès d’un ancêtre vous échappe, tapez son nom sur Gallica, Retronews ou les rubriques spécifiques des archives départementales. Les deux premiers sites ont l’avantage de nous permettre de rayonner au niveau national. Si son nom ressort :

-          C’est un article directement lié à sa mort (accident, crime, découverte de son corps, naufrage…), vous avez la date et dans ce cas retour avec cette information à l’état civil comme d’habitude.

-          C’est un avis de décès, vous pourrez y trouvez en même temps la date de l’enterrement, vous faîtes d’une pierre deux coups.

-          L’article parle de votre aïeul sur un thème quelconque, vous pouvez ajouter ce repère pour réduire la période de recherche, comme nous l’évoquions déjà plus haut dans la partie I.



V – Et les morts trop récents ?

        Comment trouver un décès quand on ne peut avoir recours aux ressources précédentes, notamment à cause des délais de communicabilité ? Je vais vous recommander deux ressources principales qui sont assez faciles d’accès pour des débutants.

-          Il y a quelques années, le fichier des décès de l’INSEE a été mis en ligne. De nombreux sites permettent d’y accéder facilement. Il suffit alors de taper un nom et un prénom pour accéder à la liste des décès enregistrés depuis 1970. Le site gratuit que je préfère pour consulter ces données reste arbre.app/insee. Attention, certains décès passent entre les mailles du filet et ne sont pas remontés jusqu’à l’INSEE et donc non répertoriés.

-          Nous l’avons évoqué juste au-dessus, les avis de décès dans les journaux. Les plus récents, ceux du XXIe siècle, sont presque tous en ligne. Là aussi, un nom suffit. L’accès est gratuit, sur libramemoria ou dansnoscoeurs.fr. L’avantage de l’avis de décès, c’est qu’il vous permet généralement de tracer un mini-arbre en quelques secondes. L’avis mentionne souvent les parents, enfants, petits-enfants, fratrie et les membres de la famille par alliance parfois. On peut à l’occasion y trouver par exemple le métier du défunt. 

Pour rappel, l’acte de décès est librement accessible immédiatement, il n’a pas de délais de communicabilité.

 

Il y a des décès introuvables, mais assez peu en réalité. Bien sûr, par exemple, un déserteur sera probablement volatilisé et son décès sera très difficile à trouver. De même, un ancêtre jonglant avec plusieurs noms ou prénoms vous fera vous arracher les cheveux. Il faudra explorer des pistes plus complexes et pour des généalogistes plus avertis dans certains cas. Cette fiche vous permettra tout de même de débloquer les cas les plus courants. N’hésitez pas à partager, en commentaire, vos anecdotes généalogiques des décès introuvables. 

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