Retour de la rubrique « Mince
alors » qui avait laissé sa place le mois dernier aux « Outils du
généalogiste ». La période de la Toussaint étant propice à évoquer les
décès, nous allons aujourd’hui compléter un article qui a connu un franc-succès
« Mince alors… Comment sont morts mes aïeux ? ».
Avant de se poser la question du comment, il s’agit souvent de savoir quand ils sont passés de vie à trépas. Certains sont assez doués pour nous échapper, au point qu’on se demande parfois si la faucheuse n’aurait pas oublié quelqu’un. Il est vrai que, c’est toujours le cas actuellement, un certain nombre de personnes se volatilisent, mais une grande partie de nos ancêtres sont bien répertoriés. Il arrive simplement que nous ne sachions pas par où commencer nos recherches.
Je vous propose de survoler, aujourd’hui,
quelques-unes des solutions les plus communes pour retrouver un décès durant la
période contemporaine (à partir de 1789).
Comme l’article est
assez long, je vous propose un petit sommaire :
I - Evaluer la date d’un décès : de multiples indices
II – Les incontournables tables décennales
III – Les tables de successions et d’absences
IV – La presse ancienne, une ressource pour débloquer les
cas désespérés ?
V – Et les morts trop récents ?
I - Evaluer la date d’un décès : de multiples
indices
La
première chose à faire est de récolter
les indices pour limiter la période de recherche. On retrouve ici la
méthode que nous avions vue dans « Mince alors… Pourquoi ai-je besoin d’une fourchette, en
généalogie ? ». C’est en ciblant
que vous pourrez tirer le bon fil. Voici quelques exemples des questions que
vous devez vous poser quand un décès vous échappe :
-
Si la personne recherchée a des enfants,
est-elle signalée présente à leur mariage ? Les actes de mariage des
enfants donnent des informations parfois très précises sur les parents. Par exemple, mon aïeule Marie-Louise DUNAY
est absente au mariage de son fils en 1906, absence justifiée par un certificat
d’aliénation. On comprend donc pourquoi elle était introuvable, mais jusqu’à
cette date au moins elle était en vie.
-
Si vous connaissez ses communes de résidence,
relevez les absences dans les recensements, cela peut-être une piste. Attention mille raisons peuvent expliquer
une absence sur un recensement : déplacement saisonnier pour de l’emploi,
incarcération, service militaire, placement en apprentissage… Les
recensements sont néanmoins une piste à ne pas négliger. Ils permettent au moins de marquer « en vie jusqu’à cette date ».
-
S’il y a un enfant posthume enregistré, pour
les hommes, cherchez un décès dans les neuf mois qui précèdent. Vous pouvez
déjà noter « Mort entre ces
dates »
-
Si remariage d’une veuve, on cherchera le
décès de son précédent mari au moins 300 jours avant, c’est le délai de viduité
(valable jusqu’en 2004). Ne sont pas concernées les femmes trop âgées pour
avoir des enfants.
- Les registres des cimetières sont parfois en ligne et interrogeables via un simple nom, si vous trouvez l'ancêtre, vous trouverez sa date d'inhumation. De là vous devriez avoir peu de mal à trouver son décès.
Après avoir procédé par
élimination et restreint la période des recherches d’autres pistes s’offrent à
vous pour trouver la date exacte.
II – Les incontournables tables
décennales
C’est
la piste la plus évidente pour les
mordus de généalogie, mais comme cette rubrique est destinée aux débutants, une
piqûre de rappel ne me semble pas inutile.
La première étape pour tout
acte dont nous ne connaissons pas l’année exacte est le passage par les tables
décennales. On les trouve généralement facilement, numérisées et parfois
disponibles bien avant l’état civil en ligne.
On
y trouve par tranche de dix ans, comme le nom l’indique, les actes classés par ordre alphabétique. Attention, en cherchant
votre ancêtre, pensez à bien relever tous les homonymes, le premier trouvé
n’est pas forcément le vôtre. Pour faire le tri dans les homonymes, j’ai déjà
proposé une fiche « Mince
alors… des grappes d’homonymes dans mon arbre, comment cueillir le bon ? »
Une fois les différentes dates relevées, rendez-vous dans les registres et
retour à la démarche que vous connaissez bien du relevé d’acte et du report des
informations dans votre arbre.
Voici
pour les cas les plus simples, on établit une fourchette puis on resserre avec
les tables décennales. Ceci fonctionne bien, surtout si nos aïeux n’ont pas trop la bougeotte. Parfois il faut pourtant
élargir, première étape de ce cheminement une ressource qui n’est
malheureusement pas numérisée pour tous les départements.
III – Les tables de successions et d’absences
Les
tables de successions et d’absences remplacent en 1825 les tables de sépultures
et de décès. Elles sont conservées aux archives départementales. Trouvant leurs
origines sous la Révolution, ces tables sont une mine d’informations. Classées
par ordre alphabétique, elles permettent de trouver la date de décès, la
profession, le statut marital, des indices sur les successions (au XIXe siècle
apparaissent parfois les noms des héritiers)… Les informations présentes
évoluent au fil des décennies, ainsi l’âge sera remplacé par l’année de
naissance après la Seconde Guerre mondiale ; les noms des héritiers ne
sont plus présents au XXe siècle… Il ne faut donc pas s’étonner de ces
variantes. Il arrive, rarement, que l’on y trouve la cause du décès mais j’ai
déjà eu cette chance, même si d’autres sources existent à ce sujet (se reporter
à « Mince alors… Comment sont morts mes aïeux ? »).
Les femmes mariées y sont enregistrées sous
leur nom de jeune fille. Attention l’ordre est alphabétique pour trouver le nom
« on cherche par exemple un nom en B ». Ensuite dans la section B ce
n’est plus l’ordre alphabétique qui prévaut, mais le numéro d’ordre (la date de
décès). Il correspond à l’ordre chronologique de la déclaration. La succession
est plus ou moins détaillée, de toute façon c’est dans les archives du notaire
que l’on peut continuer ses recherches. Enfin, le numéro mentionné nous permet
d’accéder à la déclaration de succession, aussi conservée aux archives. Certains
départements les ont mises en ligne, comme la Vendée, mais ils sont encore très
rares.
Tous les départements n’ont pas mis en ligne
ces précieux documents. De plus, dans le cas où ils ont été numérisés, toutes
les années depuis la Révolution ne sont pas en ligne. Il faudra donc parfois se
déplacer aux archives et en attendant, à son domicile, faire contre mauvaise
fortune bon cœur.
IV – La presse ancienne, une ressource pour débloquer les
cas désespérés ?
Je vous le dis, encore une fois, la presse
ancienne en ligne est du pain béni pour nos recherches généalogiques. Si le
décès d’un ancêtre vous échappe, tapez son nom sur Gallica, Retronews ou les
rubriques spécifiques des archives départementales. Les deux premiers sites ont
l’avantage de nous permettre de rayonner au niveau national. Si son nom
ressort :
-
C’est un article
directement lié à sa mort (accident, crime, découverte de son corps, naufrage…),
vous avez la date et dans ce cas retour avec cette information à l’état civil
comme d’habitude.
-
C’est un avis de
décès, vous pourrez y trouvez en même temps la date de l’enterrement, vous
faîtes d’une pierre deux coups.
-
L’article parle de
votre aïeul sur un thème quelconque, vous pouvez ajouter ce repère pour réduire
la période de recherche, comme nous l’évoquions déjà plus haut dans la partie
I.
Comment trouver un décès quand on ne peut avoir recours aux
ressources précédentes, notamment à cause des
délais de communicabilité ? Je vais vous recommander deux ressources
principales qui sont assez faciles d’accès pour des débutants.
-
Il y a quelques
années, le fichier des décès de l’INSEE a été mis en ligne. De nombreux sites
permettent d’y accéder facilement. Il suffit alors de taper un nom et un prénom
pour accéder à la liste des décès enregistrés depuis 1970. Le site gratuit que je préfère pour consulter ces données reste arbre.app/insee. Attention, certains décès passent entre les mailles du filet
et ne sont pas remontés jusqu’à l’INSEE et donc non répertoriés.
-
Nous l’avons évoqué
juste au-dessus, les avis de décès dans les journaux. Les plus récents, ceux du
XXIe siècle, sont presque tous en ligne. Là aussi, un nom suffit. L’accès est
gratuit, sur libramemoria
ou dansnoscoeurs.fr. L’avantage de l’avis de décès, c’est qu’il vous permet
généralement de tracer un mini-arbre en quelques secondes. L’avis mentionne
souvent les parents, enfants, petits-enfants, fratrie et les membres de la
famille par alliance parfois. On peut à l’occasion y trouver par exemple le
métier du défunt.
Pour rappel, l’acte de décès est librement
accessible immédiatement, il n’a pas de délais de communicabilité.
Il y a des décès introuvables, mais assez peu
en réalité. Bien sûr, par exemple, un déserteur sera probablement volatilisé et
son décès sera très difficile à trouver. De même, un ancêtre jonglant avec plusieurs noms ou prénoms vous fera vous arracher les cheveux. Il
faudra explorer des pistes plus complexes et pour des généalogistes plus
avertis dans certains cas. Cette fiche vous permettra tout de même de débloquer
les cas les plus courants. N’hésitez pas à partager, en commentaire, vos
anecdotes généalogiques des décès introuvables.
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