Chaque 11 novembre, je vous propose un article centré sur la Première Guerre mondiale et ses mémoires. Depuis plusieurs années on m’a recommandé la lecture de la série La guerre des Lulus, j’ai donc enfin pris le temps de l’emprunter à la bibliothèque. Avec 11 tomes, bientôt 12, je ne me suis pas ennuyée, même si ça se lit très bien, très vite. Cette série pour la jeunesse se divise actuellement en 3 cycles de BD ainsi que des romans. Sur ces derniers je ne vais pas revenir car je n’ai pas eu le temps de les parcourir, mais ils reprennent, a priori, la même histoire que la version BD. Je les ai lus dans l’ordre de parution, pas forcément le plus judicieux, on en reparlera plus loin.
L’histoire commence à l’été 1914, dans un orphelinat d’un petit village français. Les enfants vivent sans savoir que la guerre est à la porte de l'abbaye. Quatre garçons, compagnons de chambrée, âgés de 11 à 15 ans, forment la bande des Lulus, inséparables. Lucas, Lucien, Luigi et Ludwig s’apprêtent à traverser la guerre. Oubliés lors de l’évacuation de l’institution, nous allons les suivre durant les quatre années du conflit.
Tome 1 - La maison des enfants trouvés :
Vous allez y rencontrer nos quatre personnages principaux mais aussi,
rapidement, Luce. Cette jeune réfugiée belge arrivera à devenir un
membre à part entière de la bande. Dans ce volume, la mise en place de
l’histoire traîne peut-être un peu en longueur. J’avoue avoir hésité à
continuer après avoir refermé ce premier tome. Le
plus de cet opus ? Nous
offrir un point de vue plutôt inhabituel de la vie des civils à la limite du front. Pour prolonger cette
lecture ? Je vous conseille vraiment pour vous, ou votre
adolescent, la lecture, Grandes
vacances 14/18, témoignage d’une enfance vécue sous occupation
allemande.
Tome 2 - Hans : J’ai persévéré dans ma lecture, et j’ai bien fait. le tome 2 m’a beaucoup plus accrochée. Ici, les enfants sont confrontés à la rencontre avec l’ennemi, un soldat allemand, déserteur de son état. Je ne vous en dirai pas plus. Les atouts de ce tome ? On donne un visage aux soldats allemands. On montre la souffrance partagée dans les tranchées, les désespoirs des soldats arrachés à leur vie. On affronte aussi la lucidité cruelle de certains adultes, conscients qu’ils auraient pu être bons voisins sans la guerre, mais qui n'hésitent pas désormais à tuer l'étranger. A plusieurs égards c’est un peu la fin de l’enfance pour les Lulus. Pour aller plus loin ? Les livres pour les enfants, sur la vie dans les tranchées, ne manquent pas, vous pouvez aussi proposer aux élèves de s’intéresser au travail de reconstitution des parcours des soldats avec un petit livre : Le mystère du poilu.
Tome 3 – Le tas de briques : C’est un tome assez sombre puisque commence l’exil des Lulus. Ils quittent les bois de l’orphelinat et rappellent ainsi le destin des milliers de déplacés par la guerre. Finalement c’est à Guise, dans le familistère, que s’écrit la suite de leurs histoires. C’est un tome marqué par plus d’actions, parfois un peu rocambolesques à mon goût. Le point fort de cette étape du récit ? Le tome permet encore de mettre en avant la place des civils, ceux obligés de cohabiter avec l’armée allemande. Dans le familistère réquisitionné, vivent côte à côte soldats et habitants. Pour compléter cette aventure ? Si vous avez l’occasion de visiter le fameux familistère, c'est une bonne continuité. Guise n’est pas à côté de chez moi, mais j’espère un jour y passer.
Pour savoir ce qui se passe entre
le tome 3 et 4. Il faut lire les deux
tomes « La perspective de Luigi ». Vous pouvez donc faire une
pause et vous y plonger, puis vous pourrez reprendre la série classique. Sinon
vous terminez les 5 premiers tomes et vous lisez ensuite les deux extras. La
perspective de Luigi s’attarde sur les mois passés par les Lulus en
Allemagne, notamment au camp d’Holzminden où ils sont entassés avec de nombreux
étrangers. Le plus de cet épisode en deux
tomes ? Bien que les péripéties puissent paraître un peu
tirées par les cheveux dans cet opus, il offre la possibilité de découvrir les
difficultés des populations outre-rhin et la situation des otages
français.
Tome 4 – La déchirure : Nous retrouvons nos cinq héros grandis,
même endurcis, dans une Belgique de 1917 où les tensions entre eux se marquent. C’est
aussi les premières séparations qui s'esquissent puisque Luce revient sur sa terre
natale et espère des nouvelles de sa famille. L’importance
de cette bande-dessinée ? Le
tome met en avant le poids de l’occupation et les conséquences dramatiques de
la présence de l’armée pour la population belge. Pour ancrer cette aventure
dans la réalité ? La
présence d’un éléphant dans un champ intriguera peut-être votre ados, l’occasion
de lui parler de la réquisition des animaux par les armées et suggérer la
lecture du célèbre Cheval de guerre
de Michael Morpurgo. Vous pouvez aussi aller feuilleter
l’album des archives du Cher, à la vue 22, vous verrez un authentique éléphant
aux labours.
Tome 5 – La Ders des ders : Si on
associe souvent le mot résistance à la Seconde Guerre mondiale, ce tome permet
de mettre en lumière un réseau belge primordial. C’est le tome qui va
définitivement projeter les aînés du groupe sur le front, sans uniforme
militaire, et séparer nos 4 héros originels. L’atout
de ce dernier tome ? Ce qui
aurait pu être une conclusion avec l’armistice s’avère être le point de départ
d’un nouveau cycle. Je trouve que c’est une très bonne chose de montrer que le
11 novembre est loin d’être la fin des malheurs des populations. La suite ?
Ici le meilleur conseil est d’enchaîner le plus rapidement possible les tomes
suivants qui permettent de découvrir ce qu’il est advenu des quatre enfants, et
surtout comprendre le long processus de reconstruction des pays après la
guerre.
L’avantage
de se lancer maintenant dans cette série, c’est vous n’aurez pas à attendre
entre chaque tome. Son succès fait qu’elle est facilement accessible dans les librairies, bouquineries, bibliothèques des écoles et collèges et dans de nombreuses médiathèques.
A lire dès le CM2, elle est aussi utile pour le programme de 3e et
ses chapitres consacrés à la Grande Guerre. Si la qualité des tomes est inégale
et certaines péripéties improbables, la série à tout pour séduire nos collégiens.
Casterman ne s’y est pas trompé et continuera, je pense, à exploiter le filon,
une adaptation au cinéma existe déjà pour les 3 premiers tomes, ainsi que des
romans comme évoqués plus tôt.
Je
vous retrouve bientôt pour de nouvelles lectures.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire