jeudi 8 août 2024

La série « Communardes ! », un triptyque singulier en mémoire des Parisiennes de 1871

 


Comme chaque été, je profite d’une période un peu moins chargée pour allonger la liste de lectures à recommander à mes élèves. Lors de mon passage à la bibliothèque, une couverture singulière, dans un des bacs réservés aux BD, a attiré mon attention : la série Communardes. Une chance, les trois tomes du triptyque étaient disponibles de suite et j’ai pu les enchaîner. Les trois histoires sont indépendantes et peuvent être lues sans suivre un ordre précis. Trois dessinateurs différents ont travaillé sur cette série de Lupano qui s’intéresse à la place des femmes lors de la Commune de Paris. Comme je manque cruellement de supports accessibles pour mes élèves du secondaire autour de cet épisode historique, j’ai tenté ma chance malgré une certaine circonspection.


Le premier tome dans lequel j’ai plongé, intitulé « Les éléphants rouges », nous propose de suivre une petite fille, héroïne fictive de la Commune bien décidée à sauver les éléphants qui pourraient sinon servir à étoffer les menus des restaurants encore en activité. C’est donc à hauteur d’enfant que nous commençons notre errance dans les rues de Paris. C’est aussi un portrait douloureux des illusions fracassées des femmes qui espèrent prendre part au bras armé de la révolte et celles d’une enfant confrontée à la cruauté du siège et aux injustices de classes. Ce volume est le plus simple dans son scénario et le plus abordable si vous ne connaissez pas bien le contexte de la Commune.

J’ai ensuite enchaîné avec « L’aristocrate fantôme » dont je trouvais la couverture beaucoup moins attirante. Après les gamins esseulés nous voici entraînés en haut lieu, dans les pas de la mystérieuse et pourtant bien réelle, Élisabeth Dmitrieff. Après les problèmes de ravitaillement et le quotidien des plus miséreux, le deuxième tome s’intéresse aux jeux politiques qui s’écrivent entre insurgés et Versaillais. La Russe Dmitrieff se retrouve au cœur de ces tractations, souhaitant porter la voix des femmes non sans se heurter par exemple à André Léo, autre figure féminine de la Commune. Ce tome permet de découvrir tous les petits arrangements et les doubles jeux de certains personnages et institutions. Il soulève aussi la question du rôle de la Banque de France ou bien des stocks d’armes retrouvés après la fin de l’insurrection.

J’ai terminé ce triptyque par le tome « Nous ne dirons rien de leurs femelles », qui reprend une citation d’Alexandre Dumas (fils) à propos des communardes. Cette fois, nous allons suivre Marie dans sa vie dans les années 1850, jusqu’à son procès expéditif comme celui de milliers de communards. Vous apercevrez Victorine et Elizabeth Dmitrieff dans ces pages. Marie, c’est la haine de la bourgeoisie et sa quête de l’égalité qui s’explique par son passé. C’est un personnage qui a pour moi un peu plus d’épaisseur car son histoire s’inscrit dans le temps long. On comprend les ressorts de ses choix durant la Commune et ses tragédies. Avec Marie vous retrouvez un milieu proche de celui de Victorine et de sa mère, les plus miséreux qui finalement n’ont plus rien à perdre d’autre que la vie. C’est un tome intéressant à lire en dernier car il apporte des données précises et chiffrées sur la Commune et ses conséquences.

La série n’est certes pas un chef d’œuvre mais remplit bien son rôle, à condition d’avoir déjà quelques notions sur la Commune. Ce n’est pas une œuvre de découverte mais plus de complément à une séance d’apprentissage autour de cet événement historique. Je ne sais pas si c’est réellement une série qu’on relit plusieurs fois, je conseille donc plutôt l’emprunt en bibliothèque (disponible dans le réseau des médiathèques nantaises). Bonne lecture et n’hésitez pas à conseiller d’autres titres accessibles pour les élèves du secondaire autour de la Commune. Si vous avez déjà lu cette série de Lupano, vous pouvez laisser votre avis en commentaire.


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