Comme
chaque été, je profite d’une période un peu moins chargée pour allonger la
liste de lectures à recommander à mes élèves. Lors de mon passage à la
bibliothèque, une couverture singulière, dans un des bacs réservés aux BD, a
attiré mon attention : la série Communardes.
Une chance, les trois tomes du triptyque étaient disponibles de suite et j’ai
pu les enchaîner. Les trois histoires sont indépendantes et peuvent être lues
sans suivre un ordre précis. Trois dessinateurs différents ont travaillé sur
cette série de Lupano qui s’intéresse à la place des femmes lors de la Commune
de Paris. Comme je manque cruellement de supports accessibles pour mes élèves du
secondaire autour de cet épisode historique, j’ai tenté ma chance malgré une
certaine circonspection.
Le
premier tome dans lequel j’ai plongé, intitulé « Les éléphants rouges »,
nous propose de suivre une petite fille, héroïne fictive de la Commune bien
décidée à sauver les éléphants qui pourraient sinon servir à étoffer les menus
des restaurants encore en activité. C’est donc à hauteur d’enfant que nous
commençons notre errance dans les rues de Paris. C’est aussi un portrait
douloureux des illusions fracassées des femmes qui espèrent prendre part au
bras armé de la révolte et celles d’une enfant confrontée à la cruauté du siège
et aux injustices de classes. Ce volume est le plus simple dans son scénario et
le plus abordable si vous ne connaissez pas bien le contexte de la Commune.
J’ai
ensuite enchaîné avec « L’aristocrate fantôme » dont je trouvais la
couverture beaucoup moins attirante. Après les gamins esseulés nous voici entraînés
en haut lieu, dans les pas de la mystérieuse et pourtant bien réelle, Élisabeth
Dmitrieff. Après les problèmes de ravitaillement et le quotidien des plus
miséreux, le deuxième tome s’intéresse aux jeux politiques qui s’écrivent entre
insurgés et Versaillais. La Russe Dmitrieff se retrouve au cœur de ces
tractations, souhaitant porter la voix des femmes non sans se heurter par
exemple à André Léo, autre figure féminine de la Commune. Ce tome permet de
découvrir tous les petits arrangements et les doubles jeux de certains
personnages et institutions. Il soulève aussi la question du rôle de la Banque
de France ou bien des stocks d’armes retrouvés après la fin de l’insurrection.
J’ai
terminé ce triptyque par le tome « Nous ne dirons rien de leurs femelles »,
qui reprend une citation d’Alexandre Dumas (fils) à propos des communardes.
Cette fois, nous allons suivre Marie dans sa vie dans les années 1850, jusqu’à
son procès expéditif comme celui de milliers de communards. Vous apercevrez
Victorine et Elizabeth Dmitrieff dans ces pages. Marie, c’est la haine de la
bourgeoisie et sa quête de l’égalité qui s’explique par son passé. C’est un
personnage qui a pour moi un peu plus d’épaisseur car son histoire s’inscrit
dans le temps long. On comprend les ressorts de ses choix durant la Commune et
ses tragédies. Avec Marie vous retrouvez un milieu proche de celui de Victorine et de sa
mère, les plus miséreux qui finalement n’ont plus rien à perdre d’autre que la
vie. C’est un tome intéressant à lire en dernier car il apporte des données
précises et chiffrées sur la Commune et ses conséquences.
La
série n’est certes pas un chef d’œuvre mais remplit bien son rôle, à condition
d’avoir déjà quelques notions sur la Commune. Ce n’est pas une œuvre de découverte
mais plus de complément à une séance d’apprentissage autour de cet événement
historique. Je ne sais pas si c’est réellement une série qu’on relit plusieurs
fois, je conseille donc plutôt l’emprunt en bibliothèque (disponible dans le
réseau des médiathèques nantaises). Bonne lecture et n’hésitez pas à conseiller
d’autres titres accessibles pour les élèves du secondaire autour de la Commune.
Si vous avez déjà lu cette série de Lupano, vous pouvez laisser votre avis en
commentaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire