mardi 23 décembre 2025

Noël en 1914, dans les tranchées , trois fictions pour s’en souvenir.

 


Finalement, nous allons faire un ultime détour par les tranchées, à l’approche des fêtes, je vous propose d’évoquer la trêve de Noël de 1914. Il y a vingt ans, sortait un film qui connut un certain succès «  Joyeux Noël ». Il évoquait cet épisode extraordinaire de fraternité entre les soldats. Trois ans plus tard, en classe de 3e, j’ai pu le visionner au collège. Il m’a durablement marquée. Aujourd’hui les parents et les élèves le connaissent moins, je vous propose donc trois supports pour évoquer le Noël 14, avec les plus jeunes.

Un peu de contexte pour comprendre ces fictions autour de cet événement.

Le premier Noël dans les tranchées est une histoire qu’on a parfois envie de mettre en doute, qui nous semble plus tenir d’un conte. Il est vrai que les sources en France ne sont pas forcément si nombreuses quant aux fraternisations avec les Allemands. On trouvera quand même en ligne un travail intéressant, comme d’habitude chez Chtimiste, avec des sources précises. Le pape a pourtant bien réclamé une trêve pour ce Noël que tout le monde pensait passer chez soi lors du départ estival au front. Trois pays répondent à cet appel : La Belgique, Le Royaume Uni et surtout l’Allemagne. Les autres, dont la France, refusent de cesser les combats. Il y eut aussi des fraternisations à Pâques et sur d’autres fronts dans les années suivantes mais ce n’est pas notre sujet aujourd’hui (reportez-vous à l’article de Maude Williams en bas pour creuser le sujet). Les fraternisations de Noël 1914 sont souvent symbolisées, c’est le cas dans les trois supports que je vais vous présenter, par un match de foot, qui correspond effectivement à la réalité relatée par certains textes de l’époque.

Joyeux Noël, le film de Christian Carion

Le film met en scène les soldats de tous grades, britanniques, français et allemands qui sont amenés à fraterniser le temps de Noël. Bien que le réalisateur soit français, le film est largement équilibré entre les trois nationalités représentées.  Il agglomère les anecdotes et les faits qui se sont en réalité déroulés sur plusieurs endroits du front pour se concentrer sur quelques personnages qui ne parlent pas forcément la même langue mais qui connaissent la même souffrance. Le film de 2005, Joyeux Noël, montrait un phénomène intéressant : la fraternisation se fait avec les hommes qui ont des grades équivalents au sien dans l’armée adverse. C’est une réalité, les deux petits livres que je vous propose ensuite ne s’étalent pas sur ce fait.

Bien sûr, historiquement on peut faire quelques reproches à ce film mais rien de dramatique. Je maintiens quand même qu’il s’agit d’une approche intéressante et vraiment européenne de la guerre où l’on évite la simpliste opposition français/allemands. Je vous le conseille vivement pour vos collégiens et lycéens.

Les soldats qui ne voulaient plus se faire la guerre, le livre d’Eric Simard

                Publié l’année de la sortie du film, le livre en propose même quelques images dans le dossier documentaire, il s’attarde aussi sur ces matchs de foot qui égayèrent les tranchées à Noël. Comme souvent dans cette collection de livres des éditions OSKAR, les histoires sont courtes et très bien ciblées. L’ouvrage est très simple et peut-être lu dès la fin du primaire. Il met en scène deux soldats qui se lient d’amitié, l’un est anglais, l’autre est allemand, pas de français dans cette fiction bien que ce soit la nationalité de l’auteur. Celui-ci n’hésite pas à montrer aussi les limites de la fraternisation comme le présente ce passage :

                « Le Saxon qui m’a parlé est un super-sniper, le meilleur tireur de sa tranchée. Maintenant que je sais d’où il tire, je compte bien le descendre demain. » Voilà la triste vérité : s’il y a des fraternisations, des vraies, certains soldats font semblant de sympathiser pour mieux espionner les positions ennemies. L’essentiel est que Kurt et moi restions loyaux.


                C’est donc une vision nuancée qui est offerte avec aussi un dernier chapitre qui permet de comprendre les conséquences de la trêve sur les deux personnages puisque nous suivons l’anglais Scott jusqu’à son centenaire. Une vision originale qui évoque aussi l’amitié franco-allemande et les échanges de la seconde moitié du XXe siècle.  

La trêve de Noël, le petit livre de Michael Morpurgo



                Encore un ouvrage sorti en 2005. Je clos cet article avec un livre que j’ai lu tout récemment avec deux enfants de 8 et 11 ans qui m’en ont fait un très bon retour. Je l’ai tout simplement découvert glissé à coté de Soldat Peaceful, du même auteur, sur les rayonnages de la bibliothèque municipale. J’aime beaucoup le travail de Michael Morpurgo, dont je vous ai déjà présenté un livre sur le blog Plus jamais Mozart. Nous sommes nombreux à avoir été marqués par son Cheval de Guerre et son adaptation cinématographique qui aborde le même conflit que La trêve de Noël. Ce dernier est un tout petit livre, inclassable, qui repose sur le même schéma narratif que presque tous les ouvrages de l’auteur : l’histoire commence dans le présent et un objet ou une personne permet d’accéder à un récit dans le passé. Ici, le récit repose sur la découverte d’une lettre d’un soldat qui relate cette trêve. On comprend à la fin qu’il s’agit de sa dernière missive pour la femme qu’il aime. Ce court livre est une jolie ouverture pour discuter de la guerre 14/18 avec des enfants dès la fin du primaire avec une lecture courte possible en une seule soirée.

 

                La trêve de Noël 1914 a beaucoup inspiré il y a une vingtaine d’années, c’était, il faut le dire, un sujet à la mode qui semble avoir un peu disparu. A l’occasion de Noël, c’est le moment de se rappeler qu’une trêve a été possible, ce qui nous paraît encore tenir de l’utopie, combinée à une fraternisation. Il faut aussi la lire avec ses limites et le fait qu’elle ne se reproduisit jamais avec une telle ampleur les années suivantes. Le point commun de ces trois fictions c’est aussi de proposer le football comme symbole de la fraternisation. Si le sport vous semble un bon moyen d’évoquer l’histoire avec vos enfants vous pouvez suivre ce lien et retrouver sur le blog tous les ouvrages que j’ai proposé autour de ce thème.

                Bonne fête de Noël à tous.     

Pour aller plus loin :

WILLIAMS Maude, « Fraternisations aux armées pendant les deux guerres mondiales », Encyclopédie d'histoire numérique de l'Europe, mis en ligne le 22/06/20

Quelques témoignages :

-          Une page sur les archives du Pas de Calais.

-          Sur le site d’Arnaud Pattin le témoignage traduit d’un britannique

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