Finalement, nous allons faire un ultime détour par les tranchées, à l’approche des fêtes, je vous propose d’évoquer la trêve de Noël de 1914. Il y a vingt ans, sortait un film qui connut un certain succès « Joyeux Noël ». Il évoquait cet épisode extraordinaire de fraternité entre les soldats. Trois ans plus tard, en classe de 3e, j’ai pu le visionner au collège. Il m’a durablement marquée. Aujourd’hui les parents et les élèves le connaissent moins, je vous propose donc trois supports pour évoquer le Noël 14, avec les plus jeunes.
Un peu de contexte pour comprendre
ces fictions autour de cet événement.
Le premier Noël dans les tranchées est une histoire qu’on a parfois envie de mettre en doute, qui nous semble plus tenir d’un conte. Il est vrai que les sources en France ne sont pas forcément si nombreuses quant aux fraternisations avec les Allemands. On trouvera quand même en ligne un travail intéressant, comme d’habitude chez Chtimiste, avec des sources précises. Le pape a pourtant bien réclamé une trêve pour ce Noël que tout le monde pensait passer chez soi lors du départ estival au front. Trois pays répondent à cet appel : La Belgique, Le Royaume Uni et surtout l’Allemagne. Les autres, dont la France, refusent de cesser les combats. Il y eut aussi des fraternisations à Pâques et sur d’autres fronts dans les années suivantes mais ce n’est pas notre sujet aujourd’hui (reportez-vous à l’article de Maude Williams en bas pour creuser le sujet). Les fraternisations de Noël 1914 sont souvent symbolisées, c’est le cas dans les trois supports que je vais vous présenter, par un match de foot, qui correspond effectivement à la réalité relatée par certains textes de l’époque.
Joyeux Noël, le film de Christian Carion
Le film met en scène les soldats de tous grades, britanniques, français
et allemands qui sont amenés à fraterniser le temps de Noël. Bien que le
réalisateur soit français, le film est largement équilibré entre les trois nationalités
représentées. Il agglomère les anecdotes
et les faits qui se sont en réalité déroulés sur plusieurs endroits du front
pour se concentrer sur quelques personnages qui ne parlent pas forcément la
même langue mais qui connaissent la même souffrance. Le film de 2005, Joyeux Noël, montrait un phénomène
intéressant : la fraternisation se fait avec les hommes qui ont des grades
équivalents au sien dans l’armée adverse. C’est une réalité, les deux petits
livres que je vous propose ensuite ne s’étalent pas sur ce fait.
Bien sûr, historiquement on peut faire quelques reproches à ce film mais rien de dramatique. Je maintiens quand même qu’il s’agit d’une approche intéressante et vraiment européenne de la guerre où l’on évite la simpliste opposition français/allemands. Je vous le conseille vivement pour vos collégiens et lycéens.
Les soldats qui ne voulaient plus se faire la guerre, le livre d’Eric
Simard
Publié l’année de la sortie du
film, le livre en propose même quelques images dans le dossier documentaire, il
s’attarde aussi sur ces matchs de foot qui égayèrent les tranchées à Noël.
Comme souvent dans cette collection de livres des éditions OSKAR, les histoires
sont courtes et très bien ciblées. L’ouvrage est très simple et peut-être lu
dès la fin du primaire. Il met en scène deux soldats qui se lient d’amitié, l’un
est anglais, l’autre est allemand, pas de français dans cette fiction bien que ce
soit la nationalité de l’auteur. Celui-ci n’hésite pas à montrer aussi les
limites de la fraternisation comme le présente ce passage :
« Le Saxon qui m’a parlé est un super-sniper, le meilleur tireur
de sa tranchée. Maintenant que je sais d’où il tire, je compte bien le descendre
demain. » Voilà la triste vérité : s’il y a des fraternisations, des
vraies, certains soldats font semblant de sympathiser pour mieux espionner les
positions ennemies. L’essentiel est que Kurt et moi restions loyaux.
La trêve de Noël, le petit livre de Michael Morpurgo
Encore un ouvrage sorti en 2005.
Je clos cet article avec un livre que j’ai lu tout récemment avec deux enfants
de 8 et 11 ans qui m’en ont fait un très bon retour. Je l’ai tout simplement
découvert glissé à coté de Soldat
Peaceful, du même auteur, sur les rayonnages de la bibliothèque municipale.
J’aime beaucoup le travail de Michael Morpurgo, dont je vous ai déjà présenté
un livre sur le blog Plus
jamais Mozart. Nous sommes nombreux à avoir été marqués par son Cheval de Guerre et son adaptation
cinématographique qui aborde le même conflit que La trêve de Noël. Ce dernier est un tout petit livre, inclassable,
qui repose sur le même schéma narratif que presque tous les ouvrages de l’auteur :
l’histoire commence dans le présent et un objet ou une personne permet d’accéder
à un récit dans le passé. Ici, le récit repose sur la découverte d’une lettre d’un
soldat qui relate cette trêve. On comprend à la fin qu’il s’agit de sa dernière
missive pour la femme qu’il aime. Ce court livre est une jolie ouverture pour
discuter de la guerre 14/18 avec des enfants dès la fin du primaire avec une
lecture courte possible en une seule soirée.
La trêve de Noël 1914 a beaucoup
inspiré il y a une vingtaine d’années, c’était, il faut le dire, un sujet à la
mode qui semble avoir un peu disparu. A l’occasion de Noël, c’est le moment de
se rappeler qu’une trêve a été possible, ce qui nous paraît encore tenir de l’utopie,
combinée à une fraternisation. Il faut aussi la lire avec ses limites et le
fait qu’elle ne se reproduisit jamais avec une telle ampleur les années
suivantes. Le point commun de ces trois fictions c’est aussi de proposer le
football comme symbole de la fraternisation. Si le sport vous semble un bon
moyen d’évoquer l’histoire avec vos enfants vous pouvez suivre ce lien et
retrouver sur le blog tous les ouvrages que j’ai proposé autour de ce thème.
Bonne fête de Noël à tous.
Pour aller plus
loin :
WILLIAMS Maude,
« Fraternisations aux armées pendant
les deux guerres mondiales », Encyclopédie d'histoire numérique de
l'Europe, mis en ligne le 22/06/20
Quelques
témoignages :
-
Une
page sur les archives du Pas de Calais.
-
Sur
le site d’Arnaud Pattin le témoignage traduit d’un britannique



Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire