Je suis toujours à la recherche de prolongations pour que mes élèves puissent seuls ou avec leurs parents compléter leurs connaissances. Dans le cadre d’une association à laquelle je participe régulièrement, l’A.C.M.E.N.E.L.A., j’ai été invitée à visiter un site historique que je n’avais jusque-là jamais exploré. Je vous propose donc de découvrir, avec moi, la carrière de la Sablière et le musée de la résistance qui y est associé, à Châteaubriant.
Côté pratique : Si vous avez des enfants qui travaillent cette année sur la Seconde Guerre mondiale et que vous souhaitez rendre le parcours mémoriel concret, les sites ne manquent pas. Je vous avais déjà proposé d’aller au cimetière de la Chauvinière à Nantes. Aujourd’hui, direction Châteaubriant, certes c’est un peu plus loin mais le site est accessible en voiture, un parking est placé juste en face. Par ailleurs, depuis Nantes vous pouvez prendre le tram-train, mais il faut compter 2 kilomètres de marche par la suite, reste la solution d'emmener votre vélo.
Voici
une série de questions pour vous aider à préparer la visite avec vos enfants, si
vous y allez en autonomie. De bonnes visites guidées sont aussi possibles, vous pouvez vous renseigner sur le site de l'association qui gère les lieux.
La carrière n'est pas visible depuis la route, on y accède à pied. |
Quand la carrière est-elle devenue un lieu de mémoire ? Dès les jours qui suivent la tragédie, la carrière est connue comme un site de recueillement. Trois ans après les faits, le 22 octobre 1944 a lieu la première grande commémoration officielle. C’est un moment de recueillement où vont s’élaborer les traditions autour de cet événement : date, présence des familles, rassemblement dans la carrière. Une première stèle a été mise en place pour l’occasion. Vous pouvez vous promener dans la presse ancienne, sur Gallica ou Retronews, pour lire les articles de l'époque.
Depuis combien de temps est installé l’immense monument ? La carrière serait aujourd’hui un endroit lisse, vide, sans rien de remarquable si elle n’était pas dominée par ce monument. Notre attention est immédiatement captée par ces hommes représentés au-dessus du lieu d’exécution. C’est une œuvre d’Antoine Rohal, artiste sur lequel malheureusement peu d’informations sont diffusées. J’ignore ainsi quand est née l’idée d’un projet monumental, s’il y avait eu plusieurs propositions ou combien de temps a duré la réalisation du monument. La sculpture, inaugurée en 1950, a nécessité une restauration terminée en 2021. Il s’agissait de commémorer, dans les meilleures conditions, les 80 ans du drame de Châteaubriant.
A quoi servent les ronds sous la statue ? Sous la sculpture, on ne trouve pas moins de 183 petites bulles que l’association en charge du site nomme "alvéoles". Elles donnent là une dimension nationale voir internationale supplémentaire au lieu de mémoire. Les otages fusillés venaient de différentes régions de France, une démarche vise à entretenir le lien avec les lieux primordiaux de la Seconde Guerre mondiale. Les alvéoles contiennent de la terre d’autres départements, maquis, camps où furent déportés des résistants. Actuellement, des bénévoles rénovent progressivement chacune des alvéoles. La terre est désormais rapportée par des enfants qui la prélèvent lors de voyages scolaires par exemple. Si cet élément vous intéresse, plusieurs articles en ligne détaillent la démarche comme celui-ci : « Les Alvéoles du Mémorial remises à neuf ». Pour suivre l’évolution des restaurations c’est directement sur cette page de l’association qui gère le site.
N’hésitez
pas à partager en commentaire vos conseils de visite autour sur cette triste
période.
Bonus : pourquoi j’ai attendu 2023 pour découvrir ce site historique ? Guy Môquet est l’une des figures attachées au lieu, l’une des deux seules que je connaissais avant ma visite. J’ai dû entendre son nom pour la première fois quand il y a eu une polémique en 2007/2010, j’étais au collège et j’ai à vrai dire gardé un souvenir assez vague. Guy Moquet, Sarkozy, une lettre, des fusillés, tout cela s’était mêlé dans un galimatias mémoriel assez indigeste. Plusieurs années après, j’ai emprunté un film « La mer à l’aube ». J’y avais tout découvert : le camp de Choisel, le mécanisme de sélection des otages, une vision du drame et la fin à la Sablière. Ce film m’avait permis de m’intéresser à nouveau à cet épisode de l’histoire régionale. Je n’étais plus passée de la même façon devant le monument du cours des 50 otages. En 2021, j’avais parcouru avec un grand intérêt l’exposition consacrée à ces hommes Place Royale, et pour autant ma curiosité n’avait pas été suffisante pour me rendre à Châteaubriant. Il a donc fallu que mon chemin croise celui du très actif Jean-Claude Baron, fils de résistants, dans une association où nous sommes bénévoles, pour que je visite enfin les lieux.
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