vendredi 12 avril 2024

Le roman "Félix Têtedeveau", porte d’entrée pour une activité de généalogie ?

            Un article, en apparence plus léger ce jour, avec un livre à destination des enfants de primaire dont le titre pourrait déjà leur arracher un sourire : Felix Têtedeveau. C’est un court roman écrit pas Anne-Marie Desplat-Duc. Ce nom n’est pas inconnu des lecteurs du blog, je vous ai déjà présenté deux ouvrages de sa main pour la jeunesse, l’un sur le S.T.O., l’autre sur le Roi soleil. Felix Têtedeveau s’éloigne des sujets historiques qui tiennent tant à cœur à Madame Desplat-Duc. Souvent réédité depuis sa sortie en 1995, il a, à mon humble avis, de beaux jours devant lui car il traite largement de la naissance et des conséquences du harcèlement. Ce n’est pas de ce volet dont je vais vous parler à son propos, de multiples ressources pédagogiques s’en servent déjà en ce sens. Je vous le propose comme porte d’entrée aux questions généalogiques avec les enfants.

            Un nom indélébile ?

Le livre commence ainsi « Je m’appelle Félix Têtedeveau et j’ai honte de mon nom ! ». Le problème est donc vite posé : que faire d’un nom de famille qui nous vaut moqueries et quolibets ? Les premières pages sont particulièrement intéressantes, Felix s’interroge sur la possibilité de changer de nom. En effet, s’il était une fille en se mariant ceci serait plus facile pense-t-il. Quand le roman est écrit, il y 30 ans, la procédure n’existait pas pour que Monsieur prenne le patronyme de Madame comme nom d’usage, la loi le permettant n’existe que depuis 2013. Cela correspond aussi à la mise en place du mariage de deux personnes de même sexe. Le pourcentage de maris à faire la démarche de prendre le nom de leur épouse n’est pas connu à ce jour.

            Faites remarquer aux enfants que le nom d’usage ne change rien à l’état civil. Vous conservez votre nom toute votre vie sauf si vous décidez d’en changer via une démarche auprès de l’état.

            Un nom immémorial ?

            Dans la première partie du livre Felix se demande aussi quel peut-être l’origine de ce nom de famille. Il l’attribue, entre autres, à la profession exercée dans la famille depuis des générations : boucher. C'est le métier que notre jeune héros ne veut surtout pas exercer contrairement aux espérances de  son père. Le narrateur suppose que le patronyme de « Têtedeveau » doit être porté par les bouchers de la famille depuis Henri IV au moins. Félix n’a pas forcément tort, certains noms de famille peuvent effectivement venir d’un métier exercé il y a fort longtemps pas un aïeul. De nombreux noms de famille européens sont nés au Moyen-âge, il faut donc chercher, parfois, dans des métiers disparus.  

            Faites observer aux enfants que les noms de famille se forment de différentes façons. Invitez-le à réfléchir sur les origines de son propre nom, élaborez des théories (métier, caractère, caractéristique physique, origine géographique ?) et allez les vérifier ensemble.

            Un nom aveuglant ?

            Félix ne pense qu’à son nom, surtout quand la rentrée approche et qu’il va devoir le livrer à de nouveaux camarades. L’attention qu’il attire n’est jamais bienveillante et en plus son prénom devient aussi l’objet de moquerie (Félix le chat !). C’est pourtant en découvrant le nom d’un autre camarade qu’il va trouver la solution à son problème et faire de son patronyme un atout. C’est intéressant, car le personnage de Félix était forcément plus attiré par les noms de famille que les autres enfants de son âge, mais sans se rendre compte que, dans les murs de son école, d’autres camarades en souffraient. Les enfants, sauf cas de nom originaux, s’attardent assez peu sur les patronymes. J’ai même un petit élève de CE1 qui a découvert cette année que les footballeurs étaient dotés d’un nom ET d’un prénom.

            Soulignez auprès des enfants l'omniprésence des noms de famille, qui permettent de distinguer deux camarades qui portent le même prénom, d’identifier les personnes d’une même fratrie, de s’intéresser à l’histoire des familles. Les noms de famille sont partout, dans les rues, sur les boîtes aux lettres, les monuments commémoratifs, c’est pour cela qu’ils vont être une donnée essentielle en généalogie.

            Vous pouvez aussi proposer, avant le top départ de la lecture, une chasse aux noms de famille dans le livre, retrouverez-vous les 26 qui y apparaissent ?   

            Félix est loin d’être un héros parfait, il a ses défauts que vous découvrirez bien assez vite à la lecture du roman. 30 ans après la sortie du livre ,on pourrait imaginer une suite où les enfants de Félix seraient à leur tour confrontés au même problème mais avec des enjeux différents, comment se passe l’affichage d’un tel prénom sur les réseaux sociaux par exemple ?

Le saviez-vous ? Voici un terme que vous pouvez retenir et apprendre aux plus jeunes, il complétera à merveille cette lecture pour commencer un petit lexique généalogique : l’aptonyme. C’est un nom de famille qui correspond particulièrement bien aux activités de celui qui le porte. Un exemple parlant, la première femme pilote de chasse en France se nommait Caroline Aigle.

            Je vous invite à lire ce petit livre avec vos enfants en primaire, dès le CE1, il est l’occasion de nombreuses discussions, généalogiques mais aussi sur le regard des autres, les moqueries, l’égalité fille-garçon…

            Pour ma part je vais garder précieusement la référence aussi bien pour mes ateliers avec les enfants, que pour ceux destinés aux adultes qui s’interrogent sur le partage de leur passion généalogique avec les jeunes. D’autres petits livres pour aborder la généalogie avec les enfants sont progressivement ajoutés en bas de la page Ressource généalogique.

            Bonne lecture à tous 

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