Un article, en apparence plus léger ce jour, avec un livre à destination des enfants de primaire dont le titre pourrait déjà leur arracher un sourire : Felix Têtedeveau. C’est un court roman écrit pas Anne-Marie Desplat-Duc. Ce nom n’est pas inconnu des lecteurs du blog, je vous ai déjà présenté deux ouvrages de sa main pour la jeunesse, l’un sur le S.T.O., l’autre sur le Roi soleil. Felix Têtedeveau s’éloigne des sujets historiques qui tiennent tant à cœur à Madame Desplat-Duc. Souvent réédité depuis sa sortie en 1995, il a, à mon humble avis, de beaux jours devant lui car il traite largement de la naissance et des conséquences du harcèlement. Ce n’est pas de ce volet dont je vais vous parler à son propos, de multiples ressources pédagogiques s’en servent déjà en ce sens. Je vous le propose comme porte d’entrée aux questions généalogiques avec les enfants.
Un nom indélébile ?
Le
livre commence ainsi « Je m’appelle Félix Têtedeveau et j’ai honte de mon
nom ! ». Le problème est donc vite posé : que faire d’un nom de famille
qui nous vaut moqueries et quolibets ? Les premières pages sont
particulièrement intéressantes, Felix s’interroge sur la possibilité de changer
de nom. En effet, s’il était une fille en se mariant ceci serait plus facile pense-t-il.
Quand le roman est écrit, il y 30 ans, la procédure n’existait pas pour que
Monsieur prenne le patronyme de Madame comme nom d’usage, la loi le permettant
n’existe que depuis 2013. Cela correspond aussi à la mise en place du mariage
de deux personnes de même sexe. Le pourcentage de maris à faire la démarche de prendre le nom de leur épouse n’est pas connu à ce jour.
Faites
remarquer aux enfants que le nom d’usage ne change rien à l’état civil. Vous
conservez votre nom toute votre vie sauf si vous décidez d’en changer via une
démarche auprès de l’état.
Un nom immémorial ?
Dans la première partie du livre
Felix se demande aussi quel peut-être l’origine de ce nom de famille. Il l’attribue,
entre autres, à la profession exercée dans la famille depuis des générations :
boucher. C'est le métier que notre jeune héros ne veut surtout pas exercer contrairement aux espérances de son père. Le
narrateur suppose que le patronyme de « Têtedeveau » doit être porté
par les bouchers de la famille depuis Henri IV au moins. Félix n’a pas forcément
tort, certains noms de famille peuvent effectivement venir d’un métier exercé il
y a fort longtemps pas un aïeul. De nombreux noms de famille européens sont nés au Moyen-âge, il faut donc chercher, parfois, dans des métiers disparus.
Faites
observer aux enfants que les noms de famille se forment de différentes
façons. Invitez-le à réfléchir sur les origines de son propre nom, élaborez des
théories (métier, caractère, caractéristique physique, origine
géographique ?) et allez les vérifier ensemble.
Un nom aveuglant ?
Félix ne pense qu’à son nom, surtout
quand la rentrée approche et qu’il va devoir le livrer à de nouveaux camarades.
L’attention qu’il attire n’est jamais bienveillante et en plus son prénom
devient aussi l’objet de moquerie (Félix le chat !). C’est pourtant en découvrant le nom d’un
autre camarade qu’il va trouver la solution à son problème et faire de son
patronyme un atout. C’est intéressant, car le personnage de Félix était
forcément plus attiré par les noms de famille que les autres enfants de son
âge, mais sans se rendre compte que, dans les murs de son école, d’autres
camarades en souffraient. Les enfants, sauf cas de nom originaux, s’attardent assez peu sur les patronymes. J’ai même un petit élève de CE1 qui a
découvert cette année que les footballeurs étaient dotés d’un nom ET d’un
prénom.
Soulignez
auprès des enfants l'omniprésence des noms de famille, qui permettent de
distinguer deux camarades qui portent le même prénom, d’identifier les personnes
d’une même fratrie, de s’intéresser à l’histoire des familles. Les noms de
famille sont partout, dans les rues, sur les boîtes aux lettres, les monuments
commémoratifs, c’est pour cela qu’ils vont être une donnée essentielle en
généalogie.
Vous
pouvez aussi proposer, avant le top départ de la lecture, une chasse aux noms
de famille dans le livre, retrouverez-vous les 26 qui y apparaissent ?
Félix est loin d’être un héros
parfait, il a ses défauts que vous découvrirez bien assez vite à la lecture du
roman. 30 ans après la sortie du livre ,on pourrait imaginer une suite où les
enfants de Félix seraient à leur tour confrontés au même problème mais avec des
enjeux différents, comment se passe l’affichage d’un tel prénom sur les réseaux
sociaux par exemple ?
Le
saviez-vous ? Voici un terme que vous pouvez retenir et apprendre
aux plus jeunes, il complétera à merveille cette lecture pour commencer un
petit lexique généalogique : l’aptonyme. C’est un nom de famille qui
correspond particulièrement bien aux activités de celui qui le porte. Un
exemple parlant, la première femme pilote de chasse en France se nommait Caroline
Aigle.
Je vous invite à lire ce petit livre
avec vos enfants en primaire, dès le CE1, il est l’occasion de nombreuses discussions, généalogiques mais aussi sur le regard des autres, les
moqueries, l’égalité fille-garçon…
Pour ma part je vais garder
précieusement la référence aussi bien pour mes ateliers avec les enfants, que
pour ceux destinés aux adultes qui s’interrogent sur le partage de leur passion
généalogique avec les jeunes. D’autres petits livres pour aborder la
généalogie avec les enfants sont progressivement ajoutés en bas de la page
Ressource généalogique.
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