Je souhaite depuis un moment rédiger cet article, mais j’avoue avoir hésité ayant progressivement fait de la généalogie une activité professionnelle. Pourtant la question du coût de ce loisir, revient toujours, à demi-mots souvent, chez ceux qui hésitent à se lancer et qui découvrent les multiples tentations d’ouvrir le portefeuille. Une chose est certaine, la généalogie peut coûter cher ; la question étant, doit-elle l’être ? Comment juger de ce qui est indispensable ? Faut-il acheter un logiciel ? Remplir sa bibliothèque ? Adhérer à un cercle généalogique ? Quelle est votre marge de manœuvre pour ajuster vos dépenses ? Je ne vais pas vous proposer une liste d’impératifs mais vous rappeler quelques petits conseils pour bien choisir.
Je ne
m’attarderai pas sur les arnaques dans cet article, mais il y en a une qui
attrape généralement les débutants dans ses filets. On ne paye pas, en France,
pour accéder à un acte d’état civil auprès d’une municipalité ou des archives
publiques. Fuyez les sites qui vous proposent pour une trentaine d’euros de
réaliser une demande d’acte à une mairie. Relisez L’état
civil de mes aïeux est inaccessible ! pour comprendre comment éviter ce
type de piège.
Revenons-en
à notre liste de courses généalogiques et prenons le temps de la réflexion
avant de succomber à la tentation.
Des timbres et des photocopies ? Je
commence par les plus inattendus dans la liste du généalogiste des années 2020,
vous allez avoir un budget timbres. Il sera beaucoup moins élevé qu’il y a 30
ans, la plupart des démarches se faisant désormais en ligne. Néanmoins il
faudra parfois timbrer vos demandes et les accompagner d’une enveloppe,
elle-même timbrée, pour la réponse. Quant aux photocopies, elles vous seront
facturées par différents services, souvent pour des dossiers d’archives
particuliers, parfois il y même des frais pour des reproductions numériques.
Combien ça coûte ? Je vous
invite à toujours vérifier les prix sur le site des archives concernées ;
il y a, en général, une page dédiée à la grille tarifaire. Pensez à bien
demander le devis avant d’accepter la copie d’un dossier ainsi que le mode de
règlement. Attention, je parle ici de la tarification de la reproduction et non
de celle de la recherche qui peut être facturée en sus. Pas d’affolement pour
les recherches de base, celles que nous faisons la plupart du temps, acte
d’état civil par exemple, nous ferons nous même les reproductions en archive
(appareil photo) si autorisées ou nous y accéderons gratuitement en ligne.
Des livres ? Quand j’ai
commencé ma généalogie j’ai acheté de nombreux livres et je continue encore. Ce
n’est pas un achat que je regrette, mais l’offre étant désormais pléthorique,
je conseille de bien réfléchir avant d’agrandir sa bibliothèque.
-
Les
ouvrages généralistes : Pour les grands débutants, par forcément
familiers des recherches en ligne, j’aime conseiller l’achat d’un ouvrage
généraliste. Le format papier permet de rester dans les rails de l’apprentissage
sans sauter de lien en lien. Cela peut mieux vous convenir. Pour bien choisir
je vous invite à prendre le temps de les feuilleter. J’ai une tendresse
particulière pour le Larousse de la
Généalogie, malheureusement plus édité, avec lequel j’ai débuté. Je conseille
vraiment de prendre un ouvrage récent car les réglementations évoluent de plus
en plus rapidement.
-
Les
ouvrages spécialisés : Différentes maisons d’édition proposent des
collections spécialisées, Archives et
Culture ou Thisia par exemple.
L’achat de ces ouvrages est très intéressant quand vous commencez à être déjà
bien avancés, car ils sont déjà assez techniques et pourraient décourager les
débutants.
Combien ça coûte ? Les livres
de généalogie peuvent s’échanger, se partager, et s’emprunter, il est donc
impossible d’afficher un montant. N’oubliez
pas, si votre budget est serré, consultez d’abord les références disponibles
dans votre médiathèque municipale. Vous pouvez donc ne pas dépenser un seul
euro pour cette ligne dans votre budget généalogique. Pour autant c’est
toujours agréable d’avoir quelques ouvrages sous la main.
Des revues ? J’ai lu des dizaines de numéros des
revues généalogiques, dont j’ai surtout apprécié chaque hors-série. Je trouve
que l’investissement dans un abonnement peut être intéressant quand on commence
à connaître le monde de la généalogie. Au début je conseille l’achat au numéro
de façon à tester le format qui vous convient le mieux si vous souhaitez vous
engager dans un abonnement. En avançant dans mes connaissances généalogiques,
je n’ai acheté que les numéros exceptionnels.
Combien ça coûte ? Pour les
abonnements comptez 40€ à 60€ environ, par an, pour la plupart des revues dédiées
à la généalogie et au monde des archives. Certains cercles de généalogie proposent
de très belles revues comprises dans le prix de l’adhésion.
Un carnet de généalogie ? Beaucoup de généalogistes, en
complément souvent d’une saisie informatique, utilisent un support papier. Il
existe alors une multitude de propositions. Chez moi, c’est une simple fiche
par famille, mais il existe des carnets reliés avec des fiches pour chaque
individu. Il va vous falloir consigner absolument vos recherches, ces carnets
peuvent être bien utiles pour vos premiers pas. Ils sont aussi un bon moyen de
manipuler avec vos proches votre travail. N’ayant pas besoin d’une connexion
internet contrairement à votre arbre en ligne et ne prenant pas la place de vos
multiples classeurs, ils peuvent vous suivre dans vos sacs comme un pense–bête
lors de vos recherches à l’extérieur.
Combien ça coûte ? Il y en a
pour tous les prix, variant selon le nombre de générations et la qualité de
l’objet, on en trouve dès 10€. Vous pourrez choisir votre modèle en fonction de
l’usage que vous en ferez. Attention, il ne doit pas être la seule trace de vos
recherches, ceci serait catastrophique si vous le perdiez.
Un logiciel de généalogie ? Je consacrerai à terme un
article complet sur les outils numériques qui permettent d’informatiser sa
généalogie. L’usage d’un logiciel me semble essentiel pour les généalogistes
amateurs, mais il est possible de continuer en 100 % papier. Je ne le conseille
pas à mes élèves et les incite généralement à s’équiper d’un logiciel assez
rapidement. J’insiste par contre sur le fait de commencer par des versions
d’essai ou des logiciels gratuits. Grande afficionado d’Heredis, je sais que,
comme Geneatique, ils représentent des investissements qui peuvent freiner les
débutants. Rappelez-vous que vous pouvez toujours commencer sur un logiciel et
changer ensuite, les fichiers sont au format « Gedcom », c’est-à-dire
que vos fichiers pourront être exportés par vos soins vers un autre logiciel.
Je vous expliquerai, dans un autre article, ce qui me pousse à préférer un
logiciel à une saisie exclusivement en ligne.
Combien ça coûte ? Investir
100 € dans un logiciel au début, pour un loisir que vous connaissez à peine,
cela peut faire peur à votre compte bancaire. Par ailleurs, les logiciels très
avancés cités plus haut peuvent s’apparenter à une jungle décourageante durant
la prise en main. Prenez donc le temps de bien choisir et n’investissez
qu’après avoir pris le temps de tester les différentes propositions. Les
payants ont tous des démos gratuites.
Une adhésion à un cercle de généalogie ?
Aujourd’hui, il y a des cercles de généalogie partout, des petits dans les
villages comme des mastodontes qui rayonnent avec plusieurs antennes par
départements. Les prix des adhésions varient énormément, en fonction des
services proposés. Rien qu’au Centre Généalogique du Finistère, il y a 4 tarifications
différentes pour des adhésions d’une année (de 47€ à 85€). Au Cercle
Généalogique du 44, il y a un seul tarif (29 €) ; à celui du Poher,
il faut choisir entre 5 offres. Un
cercle généalogique va vous permettre par exemple de bénéficier d’accès à leurs
relevés, à leurs bases, parfois à leur bibliothèque physique ou numérique,
d’obtenir un abonnement à une revue locale. Les tarifs varient donc en fonction
des prestations, des abonnements solo ou duo… Si vous cherchez la proximité,
des ateliers d’initiation vous pourrez préférer les cercles proches de votre
domicile ; si les bases sont votre motivation première, regardez du côté
des cercles situés dans vos départements de recherche.
Combien ça coûte ? Il faut
compter quelques dizaines d’euros, mais le budget peut vite grimper si vous
avez une généalogie très étendue géographiquement. L’adhésion est un plus, mais
je vous conseille d’attendre d’avoir une vision sur quelques générations pour
bien choisir le ou les départements qui pourraient vous intéresser.
Un abonnement à un site privé de généalogie ? C’est une
question récurrente sur les sites d’entraide « A quel site dois-je
m’abonner ? » ou « Quel est le plus intéressant ? ».
Il faut dire qu’il y a de quoi s’y perdre entre Geneanet (à partir de 3,75€/mois)
Filae (à partir de 8€/mois) My Heritage (à partir de 9€/mois) Ancestry (à
partir de 5€/mois) et j’en oublie. Ces abonnements donnent accès à des données
très variées, parfois des indexations d’archives publiques ou parfois des
documents exclusifs. A ceci s’ajoutent des fonctions pour les arbres que vous
auriez pu mettre en ligne : outils de comparaison, filtres supplémentaires
dans vos recherches, alertes quand de nouvelles données sont mises en ligne… Il
y a de quoi y perdre son latin. Là encore, attendez, apprivoisez votre
généalogie avant de vous noyer dans un raz-de-marée d’informations et aussi de
sollicitations.
Combien ça coûte ? Le piège de
ces abonnements est souvent le prélèvement automatique qui arrive à la fin
d’une période à la tarification très alléchante. Un conseil, payez avec un
moyen qui ne permet pas un prélèvement automatique comme une carte bancaire
virtuelle à usage unique, ou même un chèque. On n’y pense pas mais c’est
souvent un moyen de paiement accepté pas ces sites, il demande juste un peu
plus de patience. Par ailleurs regardez bien les spécificités de chaque site,
selon les caractéristiques de votre généalogie, certains abonnements seront
plus intéressants. N’oubliez pas non plus de profiter des promotions
régulières, ou d’abonnements déjà compris dans d’autres offres, relisez par
exemple « Et
si vous étiez déjà abonné à Retronews sans le savoir ? » pour
découvrir comment accéder à ce service sans dépenser un euro !
Des cours et des ateliers ? Voici la partie qui me
faisait repousser la rédaction de cet article, puisque qu’il s’agit de mon
travail, d’une partie de mon gagne-pain. Je suis en train de refondre mon
offre, pour passer du simple cours particulier à un panel plus vaste, d’ateliers
et de cours en groupe. Je vais donc essayer d’en parler avec le plus de
neutralité possible. Quand on est débutant, on se forme souvent à la généalogie
par soi-même. Il existe pourtant des personnes pour vous accompagner. Les
différentes associations de généalogie proposent des ateliers, des professeurs
particuliers se déplacent à domicile, en visio-conférence… les formules se
multiplient et les formats rendent impossible l’établissement d’une moyenne. Un
conseil, si vous souhaitez prendre des cours, prenez le temps de vous
renseigner et surtout d’échanger avec les personnes qui proposent de vous
accompagner. Que voulez-vous ? J’ai suivi des élèves grands débutants,
comme des amateurs déjà bien avancés qui avaient un projet précis. Si vous
souscrivez à des cours ou des ateliers payants, n’oubliez pas qu’un prix très
attractif peut cacher, par exemple, du travail au noir.
Combien ça coûte ? Il existe
des cours gratuits auprès des associations, à condition souvent d’être
adhérent. Vous trouverez aussi des cours particuliers, le tarif varie en
fonction des conditions (à domicile, dans un lieu public, en visio…). Des ateliers
payants peuvent être proposés par des entreprises, par exemple Heredis, ou des
professionnels dans de nombreux contextes. Epluchez bien les offres pour
choisir ce qui vous convient le mieux.
Imprimer son travail ? Selon la finalité de votre
travail, il faudra aussi envisager les frais d’impression. Un arbre grand
format, un livre généalogique, un jeu, sont autant de possibilités. Avec un de
mes élèves de généalogie nous avons même travaillé, pour une cousinade, sur la
création d’un « Qui est-ce ? » et d’un jeu de l’oie. Le matériel
peut donc avoir un coût. Certains ajouteront d’autres frais, éloignés de la
généalogie pure mais qui découlent du besoin de produire un résultat :
-
Frais d’impression de l’arbre
-
Numérisation des photos de famille (diapo par exemple)
pour les intégrer dans leur logiciel.
-
Impression de livres généalogiques en plusieurs
exemplaires pour partager avec leurs proches
-
Création de supports via des imprimeurs spécialisés
comme des puzzles ou des memory.
Combien ça coûte ? Ici la
facture peut vite grimper, mais elle ne concerne pas réellement les débutants.
La restitution est surtout un objectif qui ne devient concret qu’une fois bien
avancé, mais il faut avoir conscience que cette récompense est parfois
coûteuse. Au départ vous pouvez aussi créer gratuitement un blog familial pour
partager votre travail, c’est une première étape intéressante pour pousser les
autres membres de la famille à s’investir, à condition qu’ils soient à l’aise
avec la consultation en ligne.
Du matériel aux différents services,
il est presque impossible d’établir, même à la louche, un budget de généalogie.
C’est un loisir dont la finalité varie terriblement d’une personne à l’autre. Certaines
recherches seront bien plus coûteuses, en effet si vous passez les frontières,
par exemple avec des aïeux d’origine allemande, l’accès aux actes est loin
d’être gratuit comme chez nous. Par ailleurs je n’évoque pas ici d’autres
chemins généalogiques, comme les recherches ADN qui représentent un coût assez
conséquent et font l’objet d’un autre débat, notamment quant à leur légalité.
La
généalogie c’est avant tout un loisir accessible, du moins en France, et un jeu
de patience. Prenez donc votre temps, rien n’est impérativement utile tout de
suite. Rappelez vous, dans « Mince
alors… Comment débuter mes recherches généalogiques ? », je vous
indiquais les premières étapes pour aborder votre arbre, elles ne nécessitaient
pas d’investissements financiers. Attendez de connaître vos besoins, avant
d’acheter un abonnement, un logiciel, un livre, prenez le temps de réfléchir à
l’usage que vous en ferez. Plus votre projet généalogique prendra forme, plus
vous serez apte à jauger de vos besoins. Vous vous rendrez vite compte que ce
n’est pas le généalogiste le plus aisé qui fera les plus belles avancées, mais
toujours le plus tenace, le plus ingénieux dans la manipulation des archives.
Bonnes
recherches à tous.
Comme la plupart des loisirs, la généalogie coûte ce que l'on peut et veut bien dépenser. On peut débuter avec très peu d'investissement financier, comme vous le soulignez. Et ça c'est chouette parce que de fait, c'est une activité accessible à un grand nombre de personnes. Concernant les cours et ateliers, rien ne remplace bien sûr une session avec un professeur particulier qui va parfaitement s'adapter à notre niveau et notre projet. Toutefois, il ne faut pas négliger les atelier souvent proposés gratuitement par les archives départementales. Aux AD11, chaque mois un atelier différent est proposé (retracer l'histoire d'un commerce, le contrat d'apprentissage de nos ancêtres, débuter sa généalogie...) . Il y a aussi un atelier mensuel de paléographie. Certes, ce n'est pas suffisant pour aller au fond des choses mais quand on a un petit budget cela permet d'élargir ses connaissances et de choisir les sujets que l'on souhaite éventuellement approfondir avec un professionnel libéral.
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