mercredi 24 avril 2024

Mince alors… quel budget pour faire ma généalogie ?

 


            Je souhaite depuis un moment rédiger cet article, mais j’avoue avoir hésité ayant progressivement fait de la généalogie une activité professionnelle. Pourtant la question du coût de ce loisir, revient toujours, à demi-mots souvent, chez ceux qui hésitent à se lancer et qui découvrent les multiples tentations d’ouvrir le portefeuille. Une chose est certaine, la généalogie peut coûter cher ; la question étant, doit-elle l’être ? Comment juger de ce qui est indispensable ? Faut-il acheter un logiciel ? Remplir sa bibliothèque ? Adhérer à un cercle généalogique ? Quelle est votre marge de manœuvre pour ajuster vos dépenses ? Je ne vais pas vous proposer une liste d’impératifs mais vous rappeler quelques petits conseils pour bien choisir.

            Je ne m’attarderai pas sur les arnaques dans cet article, mais il y en a une qui attrape généralement les débutants dans ses filets. On ne paye pas, en France, pour accéder à un acte d’état civil auprès d’une municipalité ou des archives publiques. Fuyez les sites qui vous proposent pour une trentaine d’euros de réaliser une demande d’acte à une mairie. Relisez L’état civil de mes aïeux est inaccessible ! pour comprendre comment éviter ce type de piège.

            Revenons-en à notre liste de courses généalogiques et prenons le temps de la réflexion avant de succomber à la tentation.

Des timbres et des photocopies ? Je commence par les plus inattendus dans la liste du généalogiste des années 2020, vous allez avoir un budget timbres. Il sera beaucoup moins élevé qu’il y a 30 ans, la plupart des démarches se faisant désormais en ligne. Néanmoins il faudra parfois timbrer vos demandes et les accompagner d’une enveloppe, elle-même timbrée, pour la réponse. Quant aux photocopies, elles vous seront facturées par différents services, souvent pour des dossiers d’archives particuliers, parfois il y même des frais pour des reproductions numériques.

Combien ça coûte ? Je vous invite à toujours vérifier les prix sur le site des archives concernées ; il y a, en général, une page dédiée à la grille tarifaire. Pensez à bien demander le devis avant d’accepter la copie d’un dossier ainsi que le mode de règlement. Attention, je parle ici de la tarification de la reproduction et non de celle de la recherche qui peut être facturée en sus. Pas d’affolement pour les recherches de base, celles que nous faisons la plupart du temps, acte d’état civil par exemple, nous ferons nous même les reproductions en archive (appareil photo) si autorisées ou nous y accéderons gratuitement en ligne. 

            Des livres ? Quand j’ai commencé ma généalogie j’ai acheté de nombreux livres et je continue encore. Ce n’est pas un achat que je regrette, mais l’offre étant désormais pléthorique, je conseille de bien réfléchir avant d’agrandir sa bibliothèque.

-          Les ouvrages généralistes : Pour les grands débutants, par forcément familiers des recherches en ligne, j’aime conseiller l’achat d’un ouvrage généraliste. Le format papier permet de rester dans les rails de l’apprentissage sans sauter de lien en lien. Cela peut mieux vous convenir. Pour bien choisir je vous invite à prendre le temps de les feuilleter. J’ai une tendresse particulière pour le Larousse de la Généalogie, malheureusement plus édité, avec lequel j’ai débuté. Je conseille vraiment de prendre un ouvrage récent car les réglementations évoluent de plus en plus rapidement.

-          Les ouvrages spécialisés : Différentes maisons d’édition proposent des collections spécialisées, Archives et Culture ou Thisia par exemple. L’achat de ces ouvrages est très intéressant quand vous commencez à être déjà bien avancés, car ils sont déjà assez techniques et pourraient décourager les débutants.

Combien ça coûte ? Les livres de généalogie peuvent s’échanger, se partager, et s’emprunter, il est donc impossible d’afficher un montant.  N’oubliez pas, si votre budget est serré, consultez d’abord les références disponibles dans votre médiathèque municipale. Vous pouvez donc ne pas dépenser un seul euro pour cette ligne dans votre budget généalogique. Pour autant c’est toujours agréable d’avoir quelques ouvrages sous la main.

Des revues ? J’ai lu des dizaines de numéros des revues généalogiques, dont j’ai surtout apprécié chaque hors-série. Je trouve que l’investissement dans un abonnement peut être intéressant quand on commence à connaître le monde de la généalogie. Au début je conseille l’achat au numéro de façon à tester le format qui vous convient le mieux si vous souhaitez vous engager dans un abonnement. En avançant dans mes connaissances généalogiques, je n’ai acheté que les numéros exceptionnels.

Combien ça coûte ? Pour les abonnements comptez 40€ à 60€ environ, par an, pour la plupart des revues dédiées à la généalogie et au monde des archives. Certains cercles de généalogie proposent de très belles revues comprises dans le prix de l’adhésion.

Un carnet de généalogie ? Beaucoup de généalogistes, en complément souvent d’une saisie informatique, utilisent un support papier. Il existe alors une multitude de propositions. Chez moi, c’est une simple fiche par famille, mais il existe des carnets reliés avec des fiches pour chaque individu. Il va vous falloir consigner absolument vos recherches, ces carnets peuvent être bien utiles pour vos premiers pas. Ils sont aussi un bon moyen de manipuler avec vos proches votre travail. N’ayant pas besoin d’une connexion internet contrairement à votre arbre en ligne et ne prenant pas la place de vos multiples classeurs, ils peuvent vous suivre dans vos sacs comme un pense–bête lors de vos recherches à l’extérieur.

Combien ça coûte ? Il y en a pour tous les prix, variant selon le nombre de générations et la qualité de l’objet, on en trouve dès 10€. Vous pourrez choisir votre modèle en fonction de l’usage que vous en ferez. Attention, il ne doit pas être la seule trace de vos recherches, ceci serait catastrophique si vous le perdiez.

Un logiciel de généalogie ? Je consacrerai à terme un article complet sur les outils numériques qui permettent d’informatiser sa généalogie. L’usage d’un logiciel me semble essentiel pour les généalogistes amateurs, mais il est possible de continuer en 100 % papier. Je ne le conseille pas à mes élèves et les incite généralement à s’équiper d’un logiciel assez rapidement. J’insiste par contre sur le fait de commencer par des versions d’essai ou des logiciels gratuits. Grande afficionado d’Heredis, je sais que, comme Geneatique, ils représentent des investissements qui peuvent freiner les débutants. Rappelez-vous que vous pouvez toujours commencer sur un logiciel et changer ensuite, les fichiers sont au format « Gedcom », c’est-à-dire que vos fichiers pourront être exportés par vos soins vers un autre logiciel. Je vous expliquerai, dans un autre article, ce qui me pousse à préférer un logiciel à une saisie exclusivement en ligne.

Combien ça coûte ? Investir 100 € dans un logiciel au début, pour un loisir que vous connaissez à peine, cela peut faire peur à votre compte bancaire. Par ailleurs, les logiciels très avancés cités plus haut peuvent s’apparenter à une jungle décourageante durant la prise en main. Prenez donc le temps de bien choisir et n’investissez qu’après avoir pris le temps de tester les différentes propositions. Les payants ont tous des démos gratuites.   

Une adhésion à un cercle de généalogie ? Aujourd’hui, il y a des cercles de généalogie partout, des petits dans les villages comme des mastodontes qui rayonnent avec plusieurs antennes par départements. Les prix des adhésions varient énormément, en fonction des services proposés. Rien qu’au Centre Généalogique du Finistère, il y a 4 tarifications différentes pour des adhésions d’une année (de 47€ à 85€). Au Cercle Généalogique du 44, il y a un seul tarif (29 €) ; à celui du Poher, il faut choisir entre 5 offres.  Un cercle généalogique va vous permettre par exemple de bénéficier d’accès à leurs relevés, à leurs bases, parfois à leur bibliothèque physique ou numérique, d’obtenir un abonnement à une revue locale. Les tarifs varient donc en fonction des prestations, des abonnements solo ou duo… Si vous cherchez la proximité, des ateliers d’initiation vous pourrez préférer les cercles proches de votre domicile ; si les bases sont votre motivation première, regardez du côté des cercles situés dans vos départements de recherche.

Combien ça coûte ? Il faut compter quelques dizaines d’euros, mais le budget peut vite grimper si vous avez une généalogie très étendue géographiquement. L’adhésion est un plus, mais je vous conseille d’attendre d’avoir une vision sur quelques générations pour bien choisir le ou les départements qui pourraient vous intéresser.

Un abonnement à un site privé de généalogie ? C’est une question récurrente sur les sites d’entraide «  A quel site dois-je m’abonner ? » ou « Quel est le plus intéressant ? ». Il faut dire qu’il y a de quoi s’y perdre entre Geneanet (à partir de 3,75€/mois) Filae (à partir de 8€/mois) My Heritage (à partir de 9€/mois) Ancestry (à partir de 5€/mois) et j’en oublie. Ces abonnements donnent accès à des données très variées, parfois des indexations d’archives publiques ou parfois des documents exclusifs. A ceci s’ajoutent des fonctions pour les arbres que vous auriez pu mettre en ligne : outils de comparaison, filtres supplémentaires dans vos recherches, alertes quand de nouvelles données sont mises en ligne… Il y a de quoi y perdre son latin. Là encore, attendez, apprivoisez votre généalogie avant de vous noyer dans un raz-de-marée d’informations et aussi de sollicitations.

Combien ça coûte ? Le piège de ces abonnements est souvent le prélèvement automatique qui arrive à la fin d’une période à la tarification très alléchante. Un conseil, payez avec un moyen qui ne permet pas un prélèvement automatique comme une carte bancaire virtuelle à usage unique, ou même un chèque. On n’y pense pas mais c’est souvent un moyen de paiement accepté pas ces sites, il demande juste un peu plus de patience. Par ailleurs regardez bien les spécificités de chaque site, selon les caractéristiques de votre généalogie, certains abonnements seront plus intéressants. N’oubliez pas non plus de profiter des promotions régulières, ou d’abonnements déjà compris dans d’autres offres, relisez par exemple « Et si vous étiez déjà abonné à Retronews sans le savoir ? » pour découvrir comment accéder à ce service sans dépenser un euro !

Des cours et des ateliers ? Voici la partie qui me faisait repousser la rédaction de cet article, puisque qu’il s’agit de mon travail, d’une partie de mon gagne-pain. Je suis en train de refondre mon offre, pour passer du simple cours particulier à un panel plus vaste, d’ateliers et de cours en groupe. Je vais donc essayer d’en parler avec le plus de neutralité possible. Quand on est débutant, on se forme souvent à la généalogie par soi-même. Il existe pourtant des personnes pour vous accompagner. Les différentes associations de généalogie proposent des ateliers, des professeurs particuliers se déplacent à domicile, en visio-conférence… les formules se multiplient et les formats rendent impossible l’établissement d’une moyenne. Un conseil, si vous souhaitez prendre des cours, prenez le temps de vous renseigner et surtout d’échanger avec les personnes qui proposent de vous accompagner. Que voulez-vous ? J’ai suivi des élèves grands débutants, comme des amateurs déjà bien avancés qui avaient un projet précis. Si vous souscrivez à des cours ou des ateliers payants, n’oubliez pas qu’un prix très attractif peut cacher, par exemple, du travail au noir. 

Combien ça coûte ? Il existe des cours gratuits auprès des associations, à condition souvent d’être adhérent. Vous trouverez aussi des cours particuliers, le tarif varie en fonction des conditions (à domicile, dans un lieu public, en visio…). Des ateliers payants peuvent être proposés par des entreprises, par exemple Heredis, ou des professionnels dans de nombreux contextes. Epluchez bien les offres pour choisir ce qui vous convient le mieux.

Imprimer son travail ? Selon la finalité de votre travail, il faudra aussi envisager les frais d’impression. Un arbre grand format, un livre généalogique, un jeu, sont autant de possibilités. Avec un de mes élèves de généalogie nous avons même travaillé, pour une cousinade, sur la création d’un « Qui est-ce ? » et d’un jeu de l’oie. Le matériel peut donc avoir un coût. Certains ajouteront d’autres frais, éloignés de la généalogie pure mais qui découlent du besoin de produire un résultat :

-          Frais d’impression de l’arbre

-          Numérisation des photos de famille (diapo par exemple) pour les intégrer dans leur logiciel.

-          Impression de livres généalogiques en plusieurs exemplaires pour partager avec leurs proches

-          Création de supports via des imprimeurs spécialisés comme des puzzles ou des memory.

Combien ça coûte ? Ici la facture peut vite grimper, mais elle ne concerne pas réellement les débutants. La restitution est surtout un objectif qui ne devient concret qu’une fois bien avancé, mais il faut avoir conscience que cette récompense est parfois coûteuse. Au départ vous pouvez aussi créer gratuitement un blog familial pour partager votre travail, c’est une première étape intéressante pour pousser les autres membres de la famille à s’investir, à condition qu’ils soient à l’aise avec la consultation en ligne.

 

            Du matériel aux différents services, il est presque impossible d’établir, même à la louche, un budget de généalogie. C’est un loisir dont la finalité varie terriblement d’une personne à l’autre. Certaines recherches seront bien plus coûteuses, en effet si vous passez les frontières, par exemple avec des aïeux d’origine allemande, l’accès aux actes est loin d’être gratuit comme chez nous. Par ailleurs je n’évoque pas ici d’autres chemins généalogiques, comme les recherches ADN qui représentent un coût assez conséquent et font l’objet d’un autre débat, notamment quant à leur légalité.

La généalogie c’est avant tout un loisir accessible, du moins en France, et un jeu de patience. Prenez donc votre temps, rien n’est impérativement utile tout de suite. Rappelez vous, dans « Mince alors… Comment débuter mes recherches généalogiques ? », je vous indiquais les premières étapes pour aborder votre arbre, elles ne nécessitaient pas d’investissements financiers. Attendez de connaître vos besoins, avant d’acheter un abonnement, un logiciel, un livre, prenez le temps de réfléchir à l’usage que vous en ferez. Plus votre projet généalogique prendra forme, plus vous serez apte à jauger de vos besoins. Vous vous rendrez vite compte que ce n’est pas le généalogiste le plus aisé qui fera les plus belles avancées, mais toujours le plus tenace, le plus ingénieux dans la manipulation des archives.

Bonnes recherches à tous.

1 commentaire:

  1. Comme la plupart des loisirs, la généalogie coûte ce que l'on peut et veut bien dépenser. On peut débuter avec très peu d'investissement financier, comme vous le soulignez. Et ça c'est chouette parce que de fait, c'est une activité accessible à un grand nombre de personnes. Concernant les cours et ateliers, rien ne remplace bien sûr une session avec un professeur particulier qui va parfaitement s'adapter à notre niveau et notre projet. Toutefois, il ne faut pas négliger les atelier souvent proposés gratuitement par les archives départementales. Aux AD11, chaque mois un atelier différent est proposé (retracer l'histoire d'un commerce, le contrat d'apprentissage de nos ancêtres, débuter sa généalogie...) . Il y a aussi un atelier mensuel de paléographie. Certes, ce n'est pas suffisant pour aller au fond des choses mais quand on a un petit budget cela permet d'élargir ses connaissances et de choisir les sujets que l'on souhaite éventuellement approfondir avec un professionnel libéral.

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