mercredi 8 mai 2024

1939 - « Je marchais malgré moi dans les pas du diable » : un regard alsacien sur les premiers pas de la guerre.

 


            Je souhaite de plus en plus caler le blog sur certaines dates importantes, comme je le fais déjà souvent pour le 11 novembre. Pour le 8 mai, il y a deux ans, je vous avais proposé une visite du cimetière de la Chauvinière à Nantes. Cette fois, c’est dans les pages d’un livre que je vous suggère de vous souvenir de la Seconde Guerre mondiale et de ses victimes en ce 8 mai. Je ne sais plus comment l’ouvrage de Dorothée Piatek est arrivé dans ma pile de livres à lire, mais il me semble qu’il y végète peut-être depuis une décennie. Je marchais malgré moi dans les pas du diable a été publié, successivement, par deux éditeurs différents « Petit à petit » puis «Le Seuil ». Pour cette lecture nous nous rendons en Alsace à l’été 1939.

            Si on connaît assez bien, généralement, l’exode de mai 1940, nous sommes souvent moins au point sur l’évacuation des civils de septembre 1939, qui jettent sur les routes des milliers de français. Nous suivons François, 15 ans, fils d’un boulanger strasbourgeois, dont l’innocence va être rapidement fracassée par cette guerre qui happe immédiatement les Alsaciens. C’est une découverte violente des convictions politiques, de la place des juifs dans son entourage et aussi la remise en cause du chemin qu’il comptait se tracer dans la société. Le roman relate le cheminement du jeune homme et de son frère aîné, deux parcours au début similaire mais qui finiront par être diamétralement opposés : l’un enfilant l’uniforme allemand, l’autre devenant résistant. Pour autant aucun des deux ne reniera leurs convictions communes. Pour bien expliquer ce parcours, l’auteur nous raconte l’exil loin de leur ville natale, la difficulté à s’intégrer dans une région inconnue, les mois d’incertitude et puis le dilemme du retour une fois l’armistice de juin 1940 signé. C’est à Périgueux, que nos personnages doivent prendre la décision de rentrer dans une terre devenue allemande, ou de rester en France et de perdre toutes leurs possessions matérielles.  

            La première partie du livre est intéressante, on sent que Dorothée Piatek s’est largement documentée. Il manque pourtant quelque chose, un peu de rythme, un peu d’épaisseur dans les personnages, je ne sais trop comment l’exprimer. Durant la deuxième partie, l’histoire prend de l’élan, la tension dramatique s’accroît. J’avoue que j’ai presque trouvé que la fin arrivait trop vite, on aurait aimé en savoir plus sur le parcours des personnages entre 1942 et la fin de la guerre. L’épilogue me laisse un peu sur ma faim, tant je m’étais attachée à cette famille alsacienne. J’aurai apprécié qu’on en apprenne plus sur la situation des malgré-nous. La force du livre réside aussi dans les portraits réalistes des personnages.  

            Je vous invite à vous procurer ce court ouvrage qui aborde finalement un thème peu décrit dans la littérature jeunesse : le destin des Alsaciens qui se dispersèrent en France dès l’automne 1939. Bien que s’adressant normalement aux élèves du secondaire il convient tout à fait à un public d’adultes. L’ouvrage a été plusieurs fois récompensé depuis sa sortie en 2006, il a même fait partie de la sélection des Incorruptibles, qui pourtant n’est pas mon prix préféré. Ce livre complète la lecture déjà proposée sur le blog, pour les enfants de primaire et collège : Le secret du soldat allemand.

            Je vous souhaite une bonne lecture, n’hésitez pas à partager votre avis en commentaire.

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