Je souhaite de plus en plus caler le blog sur certaines dates importantes, comme je le fais déjà souvent pour le 11 novembre. Pour le 8 mai, il y a deux ans, je vous avais proposé une visite du cimetière de la Chauvinière à Nantes. Cette fois, c’est dans les pages d’un livre que je vous suggère de vous souvenir de la Seconde Guerre mondiale et de ses victimes en ce 8 mai. Je ne sais plus comment l’ouvrage de Dorothée Piatek est arrivé dans ma pile de livres à lire, mais il me semble qu’il y végète peut-être depuis une décennie. Je marchais malgré moi dans les pas du diable a été publié, successivement, par deux éditeurs différents « Petit à petit » puis «Le Seuil ». Pour cette lecture nous nous rendons en Alsace à l’été 1939.
Si on connaît assez bien, généralement,
l’exode de mai 1940, nous sommes souvent moins au point sur l’évacuation des
civils de septembre 1939, qui jettent sur les routes des milliers de français.
Nous suivons François, 15 ans, fils d’un boulanger strasbourgeois, dont l’innocence
va être rapidement fracassée par cette guerre qui happe immédiatement les
Alsaciens. C’est une découverte violente des convictions politiques, de la
place des juifs dans son entourage et aussi la remise en cause du chemin qu’il
comptait se tracer dans la société. Le roman relate le cheminement du jeune homme
et de son frère aîné, deux parcours au début similaire mais qui finiront par
être diamétralement opposés : l’un enfilant l’uniforme allemand, l’autre devenant
résistant. Pour autant aucun des deux ne reniera leurs convictions communes.
Pour bien expliquer ce parcours, l’auteur nous raconte l’exil loin de leur
ville natale, la difficulté à s’intégrer dans une région inconnue, les mois d’incertitude
et puis le dilemme du retour une fois l’armistice de juin 1940 signé. C’est à Périgueux,
que nos personnages doivent prendre la décision de rentrer dans une terre
devenue allemande, ou de rester en France et de perdre toutes leurs possessions
matérielles.
La première partie du livre est intéressante,
on sent que Dorothée Piatek s’est largement documentée. Il manque pourtant
quelque chose, un peu de rythme, un peu d’épaisseur dans les personnages, je ne
sais trop comment l’exprimer. Durant la deuxième partie, l’histoire prend de l’élan,
la tension dramatique s’accroît. J’avoue que j’ai presque trouvé que la fin
arrivait trop vite, on aurait aimé en savoir plus sur le parcours des
personnages entre 1942 et la fin de la guerre. L’épilogue me laisse un peu sur
ma faim, tant je m’étais attachée à cette famille alsacienne. J’aurai apprécié
qu’on en apprenne plus sur la situation des malgré-nous. La force du livre
réside aussi dans les portraits réalistes des personnages.
Je vous invite à vous procurer ce
court ouvrage qui aborde finalement un thème peu décrit dans la littérature
jeunesse : le destin des Alsaciens qui se dispersèrent en France dès l’automne
1939. Bien que s’adressant normalement aux élèves du secondaire il convient
tout à fait à un public d’adultes. L’ouvrage a été plusieurs fois récompensé
depuis sa sortie en 2006, il a même fait partie de la sélection des Incorruptibles,
qui
pourtant n’est pas mon prix préféré. Ce livre complète la lecture déjà
proposée sur le blog, pour les enfants de primaire et collège : Le
secret du soldat allemand.
Je vous souhaite une bonne lecture,
n’hésitez pas à partager votre avis en commentaire.
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