dimanche 26 mai 2024

Mince alors… les calendriers me jouent des mauvais tours !

            La généalogie repose avant tout sur des dates, c’est le squelette de notre travail. Nous les accumulons, elles nous emmènent dans les méandres de l’histoire. Date de naissance, de mariage, de décès mais aussi celles des faits divers, des fins de carrière, ou encore du service militaire ; les dates nous permettent d’organiser les traces qu’ont laissées nos aïeux.

Nous avions déjà parlé de l’imprécision et de la difficulté à dénicher une date primordiale dans « Mince alors… Pourquoi ai-je besoin d’une fourchette, en généalogie ? ». Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur un autre obstacle : la lecture des dates. Attention nous ne parlons pas ici de la difficulté à les déchiffrer, qui demande de travailler sur la paléographie ; nous étudierons ces dates qui peuvent sembler incompréhensibles aux novices dans la généalogie française en observant les 3 obstacles les plus courants.

            Si vous débutez, vous allez découvrir que le calendrier français et la notation des dates n’ont pas cessé de changer. Retrouvons notre ami Néo GENEA, généalogiste amateur débutant. Nous l’avons déjà rencontré dans différents articles comme dans « Mince alors… combien de temps pour faire sa généalogie ? ». Depuis quelque temps, il tombe parfois sur des os, il bute actuellement sur plusieurs dates qui lui semblent illisibles.

            Cas n°1 : Le langage codé des actes ? Dans un acte de décès d’un de ses aïeux Néo découvre une date «  le 10 Xbr ». Le voici bien avancé, de même avec 7br, 8br, 9br par exemple plus tôt dans le même registre. Un généalogiste plus avancé lui explique : « Ce n’est pas un langage codé, mais bien une notation des dates tombée en désuétude. » Néo suppose alors qu’il suffit de prendre nombre et que 7br doit donc correspondre au septième mois de l’année : juillet.

Ne tombez pas dans le piège, ceci ne correspond pas au septième mois de l’année actuelle, l’abréviation découle simplement du nom des derniers mois : septembre (7br), octobre (8br), novembre (9br) et décembre (Xbre). Ceci est un héritage des Romains, à qui nous devons déjà le nom des mois de l’année comme Août qui dérive d’Auguste, premier empereur romain. Les Romains ne commençaient pas l’année en janvier mais en mars. Dans ce cas le septième mois était bien celui de septembre. Au fil du temps, la date de début d’année se déplaça et tout le monde n’avait pas la même, selon les pays et même selon les régions. En France, c’est en 1564 que le roi Charles IX (Edit du Roussillon) prend les dispositions nécessaires à l’unification du calendrier. Le pays s’aligne sur le fameux premier janvier, emboîtant le pas à ses voisins européens comme le royaume d’Espagne. 

Cas n°2 : Julien ou Grégorien ? Deux calendriers pour le prix d’un ? Néo GENEA s’étonne d’observer que les généalogistes, bien plus avancés que lui, précèdent parfois leur date d’une lettre J 15/03/1582 dans leurs notes. Après des chiffres dans les noms des mois voici des lettres au milieu des dates. Néo en perd son latin ! 

Le calendrier julien fixé tel que nous le connaissons par César, resta en vigueur jusqu’en 1582 dans le Royaume de France, puis le calendrier grégorien s’installa en Europe chrétienne. 10 jours de décalage apparurent entre l’ancien calendrier (Julien) et le nouveau. Il fallut par exemple réaligner les dates, on passa donc du 4 octobre au 14 du même mois d’un seul coup par exemple. Il fallut plusieurs années avant que la réforme ne soit effective dans l’ensemble du royaume de France. Dans vos recherches vous trouverez différentes manières de convertir vos dates, le « J » qui précède certaines dates est un des moyens d’indiquer que cette date est exprimée dans son format d’origine avant la réforme du pape Grégoire XIII.

Cas n°3 : Le calendrier fait sa révolution ! Notre débutant, en remontant ses branches, se retrouve bientôt face à des actes qui lui semblent à nouveau bien énigmatiques, la notation des dates n’a rien à voir avec ses repères habituels. Un de ses aïeux serait mort « 27 Thermidor An VIII », comment décoder ce nouveau calendrier ?

C’est toujours un cours assez amusant avec mes élèves : la découverte de ce calendrier si particulier. Je vais essayer de faire le plus concis possible. On doit ces dates, si particulières, aux révolutionnaires.

A partir du 24 novembre 1793 est officiellement mis en place le calendrier républicain. Il reste en vigueur jusqu’au 1 janvier 1806. Durant ce laps de temps vos ancêtres auront sûrement eu la drôle d’idée de se marier, d’enfanter et de décéder. Il arrive par la suite que ces dates soient encore mentionnées dans les actes plus tardifs, au mariage d’un époux né sous la période révolutionnaire, par exemple. L’année est bien découpée en 12 mois, divisés en 30 journées, mais les semaines font désormais 10 jours (Les heures et les minutes ont aussi été rénovées, au moins dans le projet originel). Vous noterez, au passage, que dans l’esprit théorique de ce projet on a désormais 1 jour chômé sur 10, au lieu d’un 1 jour sur 7 quand c’était le dimanche. Quant aux noms des mois, on les doit au poète Fabre d’ Églantine, personnage assez hors norme, qui ne vit pas longtemps l’utilisation du calendrier, nous le verrons plus loin. Le calendrier a donc un découpage, un nouveau nom et une date de nouvel an : le 22 septembre.

Pour convertir les dates vous pouvez utiliser le convertisseur de votre logiciel, ou ceux proposés par les différents sites amateurs ou d’archives départementales. Ce calendrier ne sera réutilisé que durant la Commune à ma connaissance. Quant à Fabre d'Églantine, il  décède sur l’échafaud le 5 avril 1794, enfin non, le 16 germinal An II.

Bonus : Ne vous trompez pas de date. Néo GENEA s’y perd encore dans les dates. Son arrière-grand-tante est née en 1927. Sur certains arbres en ligne la mentionnant, il retrouve différentes dates 9, 10 ou 11 octobre. Si vous avez lu « Mince alors… les arbres en ligne sont-ils piégés ? », vous savez que des erreurs peuvent se glisser dans ces généalogies. Il y en a une très commune qui explique cette multitude de date sque trouve Néo GENEA.

Quand nous relevons une date, pour un acte de naissance par exemple, nous confondons parfois date de l’acte et date de l’événement. Les déclarants vont parfois plusieurs jours après l’arrivée de l’enfant à la mairie pour la déclaration. Le mariage échappe à ce problème, mais le baptême est aussi touché par ce phénomène. Si on baptise souvent les enfants dans les jours qui suivent leur naissance sous l’ancien régime, les contre-exemples sont nombreux où l’ondoiement est une première étape avant le « baptême complet » bien des années plus tard. Je me souviens en avoir lu un bel exemple dans le livre  Le Véritable D'artagnan, où Jean-Christian Petitfils relate le cas des fils du célèbre mousquetaire qui furent baptisés sur le tard, l’aîné avait presque 13 ans. Le cas est assez extrême, mais pensez tout de même à bien vérifier l’âge des premiers concernés.

 

Les dates sont l’armature de nos recherches, apprenez pourtant à les relever prudemment. Néo GENEA sait qu’une erreur peut vite se glisser dans un relevé de date et qu’en plus il faudra parfois tenir compte de différentes formulations. Si vous utilisez un logiciel pour enregistrer vos découvertes, il est normalement conçu pour s’adapter à tous les cas et même distinguer la date de naissance de celle du baptême. Vous pourrez aussi y intégrer les dates du calendrier républicain et julien sans problème.

Je vous souhaite de très bonnes recherches et de très belles découvertes pour vos premiers pas en généalogie.

Bonne promenade dans les archives. 

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