La généalogie repose avant tout sur
des dates, c’est le squelette de notre travail. Nous les accumulons, elles nous
emmènent dans les méandres de l’histoire. Date de naissance, de mariage, de décès
mais aussi celles des faits divers, des fins de carrière, ou encore du service
militaire ; les dates nous permettent d’organiser les traces qu’ont
laissées nos aïeux.
Nous avions déjà parlé de l’imprécision et de la difficulté à dénicher une date primordiale dans « Mince alors… Pourquoi ai-je besoin d’une fourchette, en généalogie ? ». Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur un autre obstacle : la lecture des dates. Attention nous ne parlons pas ici de la difficulté à les déchiffrer, qui demande de travailler sur la paléographie ; nous étudierons ces dates qui peuvent sembler incompréhensibles aux novices dans la généalogie française en observant les 3 obstacles les plus courants.
Si vous débutez, vous allez
découvrir que le calendrier français et la notation des dates n’ont pas cessé
de changer. Retrouvons notre ami Néo GENEA, généalogiste amateur débutant. Nous
l’avons déjà rencontré dans différents articles comme dans « Mince
alors… combien de temps pour faire sa généalogie ? ». Depuis quelque
temps, il tombe parfois sur des os, il bute actuellement sur plusieurs dates
qui lui semblent illisibles.
Cas n°1 : Le langage codé des
actes ? Dans un acte de
décès d’un de ses aïeux Néo découvre une date « le 10 Xbr ». Le
voici bien avancé, de même avec 7br, 8br, 9br par exemple plus tôt dans le même
registre. Un généalogiste plus avancé lui explique : « Ce n’est pas
un langage codé, mais bien une notation des dates tombée en désuétude. »
Néo suppose alors qu’il suffit de prendre nombre et que 7br doit donc
correspondre au septième mois de l’année : juillet.
Ne
tombez pas dans le piège, ceci ne correspond pas au septième mois de l’année
actuelle, l’abréviation découle simplement du nom des derniers mois : septembre
(7br), octobre (8br), novembre (9br) et décembre
(Xbre). Ceci est un héritage des Romains, à qui nous devons déjà le nom des
mois de l’année comme Août qui dérive d’Auguste, premier empereur romain. Les
Romains ne commençaient pas l’année en janvier mais en mars. Dans ce cas le
septième mois était bien celui de septembre. Au fil du temps, la date de début
d’année se déplaça et tout le monde n’avait pas la même, selon les pays et même
selon les régions. En France, c’est en 1564 que le roi Charles IX (Edit du
Roussillon) prend les dispositions nécessaires à l’unification du calendrier.
Le pays s’aligne sur le fameux premier janvier, emboîtant le pas à ses voisins
européens comme le royaume d’Espagne.
Cas n°2 : Julien ou Grégorien ? Deux calendriers pour le prix
d’un ? Néo GENEA
s’étonne d’observer que les généalogistes, bien plus avancés que lui, précèdent
parfois leur date d’une lettre J 15/03/1582 dans leurs notes. Après des
chiffres dans les noms des mois voici des lettres au milieu des dates. Néo en
perd son latin !
Le
calendrier julien fixé tel que nous le connaissons par César, resta en vigueur
jusqu’en 1582 dans le Royaume de France, puis le calendrier grégorien s’installa
en Europe chrétienne. 10 jours de décalage apparurent entre l’ancien calendrier
(Julien) et le nouveau. Il fallut par exemple réaligner les dates, on passa
donc du 4 octobre au 14 du même mois d’un seul coup par exemple. Il fallut
plusieurs années avant que la réforme ne soit effective dans l’ensemble du
royaume de France. Dans vos recherches vous trouverez différentes manières de
convertir vos dates, le « J » qui précède
certaines dates est un des moyens d’indiquer que cette date est exprimée dans
son format d’origine avant la réforme du pape Grégoire XIII.
Cas n°3 : Le calendrier fait sa révolution ! Notre débutant, en remontant ses branches, se retrouve
bientôt face à des actes qui lui semblent à nouveau bien énigmatiques, la
notation des dates n’a rien à voir avec ses repères habituels. Un de ses aïeux
serait mort « 27 Thermidor An VIII », comment décoder ce nouveau
calendrier ?
C’est
toujours un cours assez amusant avec mes élèves : la découverte de ce
calendrier si particulier. Je vais essayer de faire le plus concis possible. On
doit ces dates, si particulières, aux révolutionnaires.
A
partir du 24 novembre 1793 est officiellement mis en place le calendrier républicain.
Il reste en vigueur jusqu’au 1 janvier 1806. Durant ce laps de temps vos
ancêtres auront sûrement eu la drôle d’idée de se marier, d’enfanter et de
décéder. Il arrive par la suite que ces dates soient encore mentionnées dans
les actes plus tardifs, au mariage d’un époux né sous la période
révolutionnaire, par exemple. L’année est bien découpée en 12 mois, divisés en 30
journées, mais les semaines font désormais 10 jours (Les heures et les minutes ont
aussi été rénovées, au moins dans le projet originel). Vous noterez, au passage,
que dans l’esprit théorique de ce projet on a désormais 1 jour chômé sur 10, au
lieu d’un 1 jour sur 7 quand c’était le dimanche. Quant aux noms des mois, on
les doit au poète Fabre d’ Églantine, personnage assez hors norme, qui ne vit pas
longtemps l’utilisation du calendrier, nous le verrons plus loin. Le calendrier
a donc un découpage, un nouveau nom et une date de nouvel an : le 22
septembre.
Pour
convertir les dates vous pouvez utiliser le convertisseur de votre logiciel, ou
ceux proposés par les
différents sites amateurs ou d’archives départementales. Ce calendrier ne
sera réutilisé que durant la Commune à ma connaissance. Quant à Fabre
d'Églantine, il décède sur l’échafaud le
5 avril 1794, enfin non, le 16 germinal An II.
Bonus : Ne vous trompez pas de date. Néo GENEA s’y perd encore dans les dates. Son arrière-grand-tante
est née en 1927. Sur certains arbres en ligne la mentionnant, il retrouve
différentes dates 9, 10 ou 11 octobre. Si vous avez lu « Mince
alors… les arbres en ligne sont-ils piégés ? », vous savez que des erreurs
peuvent se glisser dans ces généalogies. Il y en a une très commune qui
explique cette multitude de date sque trouve Néo GENEA.
Quand
nous relevons une date, pour un acte de naissance par exemple, nous confondons
parfois date de l’acte et date de l’événement. Les déclarants vont parfois plusieurs
jours après l’arrivée de l’enfant à la mairie pour la déclaration. Le mariage
échappe à ce problème, mais le baptême est aussi touché par ce phénomène. Si on
baptise souvent les enfants dans les jours qui suivent leur naissance sous l’ancien
régime, les contre-exemples sont nombreux où l’ondoiement est une première
étape avant le « baptême complet » bien des années plus tard. Je me
souviens en avoir lu un bel exemple dans le livre Le
Véritable D'artagnan, où Jean-Christian Petitfils relate le cas des fils du
célèbre mousquetaire qui furent baptisés sur le tard, l’aîné avait presque 13
ans. Le cas est assez extrême, mais pensez tout de même à bien vérifier l’âge
des premiers concernés.
Les
dates sont l’armature de nos recherches, apprenez pourtant à les relever prudemment.
Néo GENEA sait qu’une erreur peut vite se glisser dans un relevé de date et qu’en
plus il faudra parfois tenir compte de différentes formulations. Si vous
utilisez un logiciel pour enregistrer vos découvertes, il est normalement conçu
pour s’adapter à tous les cas et même distinguer la date de naissance de celle
du baptême. Vous pourrez aussi y intégrer les dates du calendrier républicain
et julien sans problème.
Je
vous souhaite de très bonnes recherches et de très belles découvertes pour vos
premiers pas en généalogie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire